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Avant de parvenir à l’éveil, le futur Bouddha recouru à diverses méthodes qui ne le conduirent que sur des voies erronées.
Ainsi, il s’adonna à toutes sortes de pratiques, aussi sévères qu’inimaginables…
Le jeune renonçant poursuivit son chemin en s’enfonçant dans les profondeurs de la forêt. Après une longue marche à travers les gigantesques étendues boisées du pays, il rencontra un ermite nommé Āḷāra, de l’ethnie des Kālāma. Cet ermite avait atteint les cinq rūpa jhāna. Dès qu’il prit connaissance de son enseignement, le renonçant Siddhattha s’attela à un entraînement de samatha, selon les instructions de son nouveau maître. Il atteignit les jhāna le jour même, ce qui ne manqua pas de laisser l’ermite Āḷāra stupéfait. Le jeune renonçant, qui ne voulut pas s’arrêter en si bon chemin, s’enquit auprès de son maître à propos de la suite de son entraînement :
« Maître, quelles sont les instructions qu’il me faut suivre à présent que je suis parvenu aux jhāna, pour continuer mon cheminement vers la connaissance ?
— Je ne suis pas en mesure de vous le dire.
— Qu’y a-t-il, en dehors de ce que je sais et que vous ne m’avez pas encore enseigné ?
— Il n’y a rien, en dehors de ce que vous savez et que je ne vous ai pas encore enseigné. »
Fortement déçu par l’aveu de son instructeur, le jeune renonçant restait sur sa faim, frustré de ne savoir comment poursuivre son entraînement. Quant à l’ermite, content des résultats élevés et rapides de son élève, il lui proposa :
« Votre accomplissement est immense et exemplaire. Je vous propose de diriger la secte avec moi ; nous aurons beaucoup de disciples.
— Je décline votre offre, car je ne cherche pas à avoir des disciples sous mon autorité. Je ne cherche que nibbāna, la fin du cycle des naissances, des vieillesses, des maladies et des morts. Je ne suis pas du tout satisfait des expériences que je viens de réaliser auprès de vous. Elles apportent la tranquillité du mental, le confort parfait, et l’apaisement des kilesā mais pas de façon durable. De plus, tout cela est encore de l’ordre des sphères des sens. »
En terminant son explication, le renonçant Siddhattha salua respectueusement l’ermite Āḷāra, avant de prendre congé de lui.
Poursuivant sa route à travers l’épaisse forêt, il parvint dans un lieu où régnait une tranquillité remarquable. À cet endroit vivait un ermite, connu sous le nom d’Udaka, fils de Rāma. Il avait atteint tous les jhāna, y compris les deux premières abhiñña : pubbenivāsa ñāṇa et dibbacakkhu ñāṇa. Comme le renonçant Siddhattha fut accepté comme l’élève de cet ermite, il entreprit un entraînement de samatha en suivant méticuleusement les instructions de son nouveau maître. En plus des plus hautes absorptions propres aux jhāna, il atteignit les deux premières abhiñña le jour même, pour le plus grand étonnement de l’ermite Udaka. Le jeune renonçant, qui ne voulut pas s’arrêter en si bon chemin, s’informa auprès du maître pour savoir comment poursuivre son entraînement :
« Maître, quelles sont les instructions qu’il me faut suivre à présent que je suis parvenu aux jhāna, pour continuer mon cheminement vers la connaissance ?
— Je ne suis pas en mesure de vous le dire.
— Qu’y a-t-il, en dehors de ce que je sais et que vous ne m’avez pas encore enseigné ?
— Il n’y a rien, en dehors de ce que vous savez et que je ne vous ai pas encore enseigné. »
Fortement déçu par l’aveu de son instructeur, le jeune renonçant restait, une fois de plus, sur sa faim, frustré de se retrouver sans guide pour continuer son entraînement. L’ermite, quant à lui, fier des résultats brillants et soudains de son élève, il lui proposa :
« Votre accomplissement est immense et exemplaire. Je vous propose de diriger la secte avec moi ; nous aurons beaucoup de disciples.
— Je décline votre offre, car je ne cherche pas à avoir des disciples sous mon autorité. Je ne cherche que nibbāna, la fin du cycle des naissances, des vieillesses, des maladies et des morts. Je ne suis pas du tout satisfait des expériences que je viens de réaliser auprès de vous. Elles apportent la tranquillité du mental, le confort parfait, l’apaisement des kilesā, la connaissance des vies passées et la vision à distance, mais pas de façon durable. De plus, tout cela est encore de l’ordre des sphères des sens. »
En terminant son explication, le renonçant Siddhattha salua respectueusement l’ermite Udaka, avant de prendre congé de lui.
En poursuivant son chemin, le renonçant Siddhattha finit par déboucher dans le bois d’Uruvela : un lieu d’une sérénité et d’une beauté exceptionnelles. En cet endroit très propice au samādhi il rencontra cinq renonçants, nommés Koṇḍañña, Vappa, Bhaddiya, Mahānāma et Assaji. Koṇḍañña – le plus âgé des cinq – est le plus jeune des huit brahmanes astrologues qui donnèrent le nom de Siddhattha au prince alors bébé. Il fut le seul à prédire que le jeune prince deviendrait Bouddha et pas autre chose. Les quatre autres de ces cinq renonçants sont les fils de quatre parmi les sept autres brahmanes, alors disparus à ce jour. Étant donné que Koṇḍañña savait que le prochain bouddha était sur le point de se manifester, c’est lui qui incita ses quatre compagnons à renoncer à la vie mondaine au profit de la vie ascétique.
Ces cinq renonçant furent réjouis de l’arrivée du futur Bouddha, car ils l’attendaient depuis longtemps déjà. Aussitôt son arrivée parmi eux, ils le nourrirent et prirent grand soin de lui, veillant à ce qu’il ne manque de rien, afin de pouvoir s’entraîner dans les meilleures conditions possible.
À cette époque, dans le majjhima desa existaient de nombreuses croyances sur le moyen d’entraînement permettant de parvenir à la libération définitive du cycle des renaissances. Bien que personne n’y était encore arrivé, beaucoup avaient une idée quant au type de méthode le plus probable pour y parvenir. Les hypothèses émises par les plus grands maîtres convergeaient en un même point : les austérités. Pour cette raison, le renonçant Siddhattha adopta ces pratiques. De très nombreux ascètes s’adonnaient à ces ascèses toujours sévères, mais sous des formes les plus diverses. Le futur Bouddha s’y employa de la façon la plus ardue et la plus extrême qui soit, persuadé qu’elles pourraient lui procurer la sagesse nécessaire au développement de la connaissance juste de la réalité.
Ce qui constitue véritablement la base des pratiques austères que sont les dukkaracariya, prétendues développer la plus haute sagesse par toutes sortes d’oppressions du corps, est un solide vīriya et une ferme détermination, motivée par un effort inébranlable, par un engagement tel que :
« Quitte à ce qu’il ne me subsiste que la peau, les veines, et les os ; quitte à ce que ma chair et mon sang se dessèchent complètement ; puissé-je ne jamais abandonner ma pratique jusqu’à la libération ! »
Le renonçant Siddhattha se rendit dans le village de Senā pour y collecter sa nourriture à l’aide de son bol. Une fois son repas terminé, il s’installa sous un arbre du bois d’Uruvela, où il commencerait à pratiquer les dukkaracariya de façon sévère. Là, il se mit à réfléchir :
« Quel avantage peut-il y avoir dans le fait de manger de la nourriture obtenue à l’aide du bol ? Je mange jusqu’à pleine satisfaction la bonne nourriture offerte avec générosité par les gens. Bien que je pratique mettā bhāvanā à l’égard de ces donateurs, en consommant tous ces bons aliments préparés avec soin, je ne parviendrai jamais au but que je me suis fixé ; je ne deviendrai jamais un bouddha omniscient. »
Afin d’être assurément délivré de toute avidité, il renonça à la nourriture obtenue dans les villages. Il se contenta de subvenir à ses besoins alimentaires à l’aide de ce qu’il trouverait à terre, dans la forêt d’Uruvela : des fruits de toutes sortes et de toutes tailles, même pourris, des champignons des feuilles… Après une longue période selon ce régime, il constatait qu’il ne parvenait toujours pas au stade de bouddha. Il se dit que le fait d’aller chercher quotidiennement ces fruits lui causait trop de besogne, lui faisant perdre un temps précieux dans sa pratique. De ce fait, il décida :
« Désormais, je me nourrirai exclusivement des fruits qui tombent ou qui roulent jusqu’à la portée de mes mains, sans avoir à me lever. »
Quelque temps plus tard, considérant une fois de plus qu’il s’alimentait trop facilement, il augmenta encore la sévérité de sa détermination en se limitant aux fruits qui tomberaient directement sur lui-même.
Alors que les jours se succédaient sans lui donner le sentiment d’un quelconque progrès, il réfléchit à une autre pratique qui lui permettrait de parvenir à l’omniscience. Ce faisant, une idée lui vint à l’esprit :
« Il serait bien de pouvoir être définitivement débarrassé de tous les akusala. Je vais empêcher tout akusala d’apparaître. »
De sorte qu’aucun état d’esprit teinté d’akusala ne fusse en mesure d’apparaître, il les neutralisa à l’aide d’états d’esprits kusala. Telle fut la méthode qu’il employa pour taire les akusala, car lorsqu’un kusala se manifeste, il ne laisse aucune place aux akusala. Il s’entraîna si durement de la sorte qu’un flot de transpiration lui coulait sans cesse des aisselles. Son vīriya s’accrut encore. À travers tout son corps, se firent ressentir de virulentes tensions.
Il maintint ses efforts sans les réduire, malgré l’immense difficulté qu’il éprouvait ; son vīriya était extrêmement puissant. Sa vigilance, aussi, était fermement maintenue. Son corps fut en proie à des douleurs d’une vivacité si effroyable qu’aucun autre être humain n’eut été capable de les supporter. Néanmoins, il poursuivait toujours son entraînement avec la même ténacité, car sa volonté était d’une fermeté et d’une force illimitées.
Vidé de toute sérénité, son corps s’envahit peu à peu d’une chaleur brûlante. Bien qu’il baignât de tout son être dans d’atroces souffrances, il ne réduisit pas son effort. Cependant, à l’instar des pratiques précédentes, celle-ci ne conduisait à aucun résultat donnant les signes de ce qui pouvait ressembler à l’omniscience.
Réfléchissant profondément à cela, il eut l’idée suivante :
« Si je m’empêchais de laisser sortir et entrer l’air, ce serait bien. »
Mettant aussitôt cette nouvelle idée en pratique, il empêcha la moindre particule d’air d’entrer ou de sortir par sa bouche ou par son nez. Au bout d’un long moment, l’air prisonnier se regroupa et se mit à pousser si fort qu’il s’évacua d’un seul souffle par les oreilles, si brutalement que le bruit produit fut semblable à celui du soufflet d’un forgeron.
Il maintint ses efforts sans les réduire, malgré l’immense difficulté qu’il éprouvait ; son vīriya était extrêmement puissant. Sa vigilance, aussi, était fermement maintenue. Son corps fut en proie à des douleurs d’une vivacité si effroyable qu’aucun autre être humain n’eut été capable de les supporter. Néanmoins, il poursuivait toujours son entraînement avec la même ténacité, car sa volonté était d’une fermeté et d’une force illimitées.
Une fois l’air sorti, il décida de se boucher les oreilles, en plus de la bouche et du nez, qu’il n’avait cessé d’obstruer. L’air encore contenu dans le corps, finit peu à peu par se rassembler vers le haut du corps, en bousculant les organes internes, jusqu’au sommet de la tête, provoquant des douleurs particulièrement abominables. Ce fut comme si un homme très costaud administrait de grands coups sur le crâne d’un être faible à l’aide d’un objet dur pointu.
Quand l’air fut rassemblé dans le crâne du renonçant Siddhattha, l’intensité de la douleur devint horriblement insupportable. Elle était comparable à celle que ressentirait un homme faible qui se ferait enrouler un gros élastique autour de la tête par un homme très costaud qui aurait serré de toutes ses forces.
Plus tard, l’air descendit dans le ventre, créant des remous d’une violence effrayante. Les douleurs que le renonçant Siddhattha ressentit furent comme celles que quelqu’un aurait éprouvées si un boucher habile lui avait découpé le ventre à l’aide de son grand couteau. Après, cette douleur se répandit dans tout le corps.
Il maintint ses efforts sans les réduire, malgré l’immense difficulté qu’il éprouvait ; son vīriya était extrêmement puissant. Sa vigilance, aussi, était fermement maintenue. Son corps fut en proie à des douleurs d’une vivacité si effroyable qu’aucun autre être humain n’eut été capable de les supporter. Néanmoins, il poursuivait toujours son entraînement avec la même ténacité, car sa volonté était d’une fermeté et d’une force illimitées.
Le corps du futur Bouddha semblait s’embraser tant il était opprimé par la douleur. Ce fut comme si l’on eut fermement saisi quelqu’un pour le maintenir tendu au-dessus des flammes d’un grand feu pour le faire rôtir.
L’ascète Siddhattha était tant torturé par les douleurs infernales causées par sa pratique qu’il en perdit connaissance. Il s’écroula sur le côté, demeurant longuement immobile. Parmi les deva qui étaient dans les parages, pour assister aux rudes austérités du futur Bouddha, trois d’entre eux se confièrent leurs pensées :
« Oh, l’ascète Siddhattha est mort !
— Non, il n’est pas encore mort, il est en train de mourir.
— Vous faites erreur tous les deux, il n’est pas mort, ni en train de mourir ; il est devenu arahant. »
Le deva qui présume la mort de l’ascète Siddhattha se rendit auprès du roi Sudoddhana pour l’informer de sa conviction :
« Ô Sudoddhana ! Votre fils est mort !
— Est-il mort après être devenu Bouddha ou avant d’être devenu Bouddha ?
— Il est mort avant d’être devenu Bouddha.
— Je n’en crois pas un mot ! Il est impossible que mon fils soit mort sans être parvenu à l’omniscience. »
Dès que le renonçant Siddhattha reprit conscience, il se redressa immédiatement, ignorant catégoriquement la douleur qui persistait à le persécuter de toutes parts. Comme il était totalement déterminé à obtenir l’omniscience, il pratiquerait les austérités d’une façon tout aussi extrême, sans relâcher un seul instant son effort, durant six ans.
Après sa chute, quand il eut pleinement rassemblé ses esprits, il réfléchit profondément, jusqu’à ce que lui vienne une nouvelle idée :
« Je vais interrompre complètement mon alimentation. Je vais demeurer en m’interdisant strictement toute nourriture. »
Quand les deva prirent connaissance de cette nouvelle détermination, l’un d’entre eux alla prévenir le grand ascète :
« Si vous ne mangez plus rien du tout, vous allez mourir. Nous ne vous laisserons pas mourir ; nous allons vous nourrir à l’aide d’aliments de deva en les insérant dans votre corps par vos pores.
— Il est hors de question que vous me nourrissiez. Si vous faites ainsi, je serai nourri et donc en contradiction avec ma détermination. Puisque vous ne voulez pas me laisser sans alimentation, je préfère me nourrir moi-même. Je mangerai donc, mais en très faible quantité. »
Dès lors, il s’est mis à manger chaque jour, mais extrêmement peu. Il limita son alimentation quotidienne à un seul grain de riz, à un seul pois ou à une seule cuillère de haricots bouillis. Au fil des jours et des semaines qui suivirent, il commença à devenir très maigre. Après quelques mois, son apparence avait complètement changé. À cause de cette nutrition sévère, il devint excessivement rachitique, pâle et faible. À tel point que la peau de son crâne s’était fripée comme une vieille gourde molle qu’on eût fait sécher au soleil. Sa peau était sèche comme celle d’un poisson séché et de la couleur d’une punaise. Habituellement, sa peau qui avait toujours été d’une belle couleur dorée, était devenue très sombre, certains l’auraient dite noire, d’autres, brune, d’autres encore, grise. Ses yeux étaient tellement enfoncés dans leurs orbites qu’ils avaient l’aspect d’eau sombre au fond d’un puits profond. Un seul effleurement sur sa peau suffisait à faire tomber tous les poils. Ses jambes étaient comme des bambous. La colonne vertébrale était semblable à un chapelet. Ses nervures étaient comme les chevrons éparpillés d’une vieille maison. En touchant son ventre, il parvenait à toucher son dos. Ses fesses étaient ratatinées comme le sabot d’un chameau. Les rares fois où il parvenait encore à faire ses besoins, ne sortait qu’une crotte petite et sèche comme un fruit de bétel. On ne pouvait même plus distinguer les lignes de ses mains. Il était tellement faible qu’il n’avait même plus la force de faire ānāpāna. Lorsqu’il se levait, il tombait aussitôt à terre.
Origine : ouvrage français
Auteur : Moine Dhamma Sāmi
Date : Janv. 2004
Mise à jour : 14 juin 2005