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Compilation des questions basiques qui m’ont été adressées le plus souvent durant ma vie monastique.
Les questions « bateau » sur le bouddhisme, avec des réponses claires et concises. Les idées reçues les plus courantes sont « touchées coulées », pour ne plus se laisser mener en bateau…
Votre embarcation glisse lentement sur la rivière paisible qui, par l’espace libre qu’elle impose, confère à la forêt des environs toute sa splendeur.
Vous ne retrouvez plus votre chemin. Soudain, une petite hutte semble jaillir au bord de l’eau. En apercevant ce petit habitat sauvage si profondément isolé, votre curiosité est telle que vous y faites halte sans la moindre hésitation.
Le résident est seul et présent. C’est un moine d’âge moyen, l’air tranquille, un sourire constant au coin des lèvres. Il vous accueille spontanément et vous invite à boire quelques tasses de thé bien frais qui pousse sur l’autre rive.
Vous vous réjouissez de l’aubaine pour lui adresser toutes ces questions qui vous trottent depuis des années dans l’esprit…
C’est la voie qui permet de se libérer de l’attachement, source de tous nos ennuis. C’est comprendre la réalité telle qu’elle apparaît et disparaît à chaque instant. C’est connaître notre esprit, pour ne plus être sous l’emprise de ses tendances pernicieuses.
Se délivrer de l’emprisonnement des sens. Quand le plein Accomplissement est atteint, nous ne connaissons plus jamais la moindre impureté.
Ni à l’un ni aux autres. Quand Bouddha ou tout autre Accompli y parvient, il continue d’expérimenter des visions, des sons, des touchers, des goûts, des odeurs et des pensées, mais à la différence des autres, il les perçoit pour ce qu’ils sont, sans les considérer comme stables, satisfaisants et existants par eux-mêmes, comme notre aveuglement et notre confusion mentale nous y incitent continuellement.
Si, c’est en quelque sorte une expérience de pureté complète de l’esprit qui peut survenir après avoir, à travers la méditation, discerné en profondeur les composants physiques et psychiques, et d’où découle le complet détachement.
Mais comme il est impossible de se faire une idée correcte d’une expérience qui ne ressemble à rien de tout ce que nous avons pu expérimenter, vouloir s’intéresser au sommet de la montagne avant de se mettre en marche sur le sentier de base est comme mettre la charrue devant les bœufs.
De nombreuses vies ! Quand les conditions sont bonnes, ça peut aller très vite. Ça dépend de nombreux facteurs, mais principalement de sa capacité à comprendre le Dhamma, c’est-à-dire cette voie qui conduit à la sagesse, que Bouddha nous a enseignée on ne peut plus justement, et de sa capacité, ou plutôt volonté car qui veut peut, à mettre en pratique ce Dhamma.
Pour donner un ordre d’idée plus précis, disons qu’un individu vertueux qui arrive à renoncer à la vie mondaine, c’est-à-dire isolé des zones habitées et de toutes ses distractions et plaisirs sensoriels, et qui se consacre sérieusement à la méditation en suivant les instructions de guides compétents, peut espérer de grands résultats, comme nibbāna ou une phase préliminaire, au bout de quelques années.
Si leurs conditions sont si propices, c’est parce qu’ils se sont déjà entraînés de nombreuses vies durant. Il n’y a aucun privillégié. Chacun ne récolte que ce qu’il mérite.
Quiconque développe diligemment la vertu, la concentration et la sagacité arrivera au même but. Bouddha avait également de nombreux disciples laïcs accomplis. Il importe de comprendre que la vie de renonçant — moine, moniale, novice, nonne, ascète, ermite — n’est pas un but en soi, mais simplement un moyen qui offre les conditions les plus propices au développement du Dhamma.
Il est bien plus important de renoncer aux plaisirs sensoriels qu’au confort de la vie laïque — par rapport à celui de la vie monastique ou ascétique, où il n’y a plus ni argent, ni beaux vêtements, ni repas variés à toute heure, etc. Cependant, le renoncement matériel reste le meilleur « chausse-pieds » du renoncement intérieur.
Le but devient de plus en plus proche et la pratique de plus en plus facile, pour ne pas dire automatique. Bien avant de grands résultats, la méditation apporte des bienfaits inestimables, et ce dès le début : du calme, de la tranquillité, du détachement, du contentement, c’est-à-dire la capacité à se satisfaire de peu et de s’adapter à toute situation inconfortable sans en pâtir.
Un entraînement de l’esprit qui consiste dans un premier temps à le rendre parfaitement calme et équanime (samatha), puis à pénétrer directement la réalité par la distinction des éléments constituants la conscience et la matière (vipassanā).
Au contraire ! Ce n’est que lorsqu’on ne force plus du tout sur quoi que ce soit qu’on est véritablement en mesure de méditer. Dans la vie en société, nous avons tellement l’habitude de fournir de nombreux efforts de toutes sortes pour obtenir des résultats que l’idée de ne « rien faire » pour aquérir la concentration et la sagesse devient déroutante.
Le succès dans la méditation ne réside pas dans l’effort mais dans le lâcher-prise. C’est un abandon total de tout, un arrêt de s’accrocher en permanence à tout et à n’importe quoi, comme on le fait continuellement sans même s’en rendre compte.
Cela n’a rien à voir avec une forme de tension physique ou mentale, comme l’inclut la définition habituelle du mot « effort ». C’est beaucoup plus subtil. Ce type d’effort, « juste » et sans forcer, vient de « vīriya » en pali. À l’instar de nombreux termes bouddhiques, nous l’avons traduit comme nous le pouvons en français
Cet « effort juste » se définit plutôt par une application soutenue de l’esprit sur un objet unique (revenir dessus chaque fois qu’il s’évade dans les pensées ou les sensations). Nous pouvons aussi parler d’un évitement répété de façon continue à laisser l’esprit suivre ses tendances naturelles qui vont vers l’attachement, le rejet et la confusion. Ce qui permet de développer peu à peu la tranquillité intérieure et une vision juste de la réalité. Avec l’habitude, cela devient un réflexe naturel. C’est pourquoi plus nous méditons et plus cela devient facile.
On y arrive toujours ! Simplement, au début on est moins habile, c’est tout. Ceux qui ont une concentration puissante sont ceux qui se sont longuement entraînés. N’espérez pas parler une langue étrangère sans commencer par l’apprentissage des bases. Dans la méditation, les bases c’est la prise de connaissance de tout ce qui empêche la concentration de se développer naturellement. On les appelle les entraves à la méditation (nīvaraṇa).
Trouvez un moment tranquille, relativement silencieux, et asseyez-vous de manière confortable, à terre sur un coussin si vous le pouvez. Fermez bien les yeux et détendez-vous complètement, en relâchant tous vos muscles. Laissez de côté toutes les pensées de la journée. Restez simplement présent à votre respiration, sans forcer quoi que ce soit ni chercher à localiser une zone ou une autre. Prenez comme objet d’attention la respiration dans son ensemble et revenez-y chaque fois que l’esprit s’évade dans des pensées ou des questionnements, ce qui est inévitable tant que la concentration n’est pas bien établie. Restez paisiblement ainsi avec votre respiration sans vous préoccuper du temps qui passe, ni de la difficulté à rester sur la respiration. L’important est de faire ce que nous pouvons, quand nous le pouvons, sans attendre de progrès. Certains jours les choses semblent plus faciles, d’autres jours c’est l’inverse. À l’instar de la météo, l’esprit est rarement stable.
La méditation est comme une plante. Pour qu’elle se développe bien, il faut l’arroser régulièrement, et lui accorder toute son attention quand on s’occupe d’elle.
Nous trouvons tous beaucoup de temps pour nous distraire. Trouver un quart d’heure de temps à autre pour méditer est donné à n’importe qui. Cela dit, l’esprit a toujours de fortes raisons pour trouver cela trop difficile ou « pas pour le moment ».
Dans tous les cas, il est important de saisir toute occasion pour développer les qualités nécessaires à l’Accomplissement. La méditation n’en sera que plus facile le jour où nous nous y mettrons, car toute pratique dans le Dhamma est un préliminaire à la méditation. Et la méditation la porte de la Délivrance définitive de toutes les insatisfactions.
Ces qualités sont appelées les pāramī. Il s’agit, entre autres, de la générosité, du comportement vertueux, du renoncement, de l’effort — juste —, de la patience, de la bienveillance.
De manière générale, évitez ce qui est malsain, faites ce qui est sain, renoncez peu à peu à tout ce qui n’est pas vraiment utile — matériel, habitudes, activités, principes, croyances —, évitez la fréquentation des individus qui privilégient le plaisir à la sagesse, favorisez la fréquentation des individus sains, vertueux et raisonnables, préférez l’isolement de l’effervescence mondaine, favorisez le calme et la tranquillité.
La méditation est l’aboutissement même de la voie du milieu ! Dès lors qu’il n’y a ni tension, ni état d’esprit impur, qu’est-ce qu’il y a d’extrême à demeurer dans la tranquillité en se contentant seulement de ce qui est réellement nécessaire ?
Le juste milieu ne signifie pas être dans la moyenne. Il signifie être paisible, dans la suffisance, sans tendre vers les sensations agréables, et sans tendre vers les sensations désagréables.
Ce qui est requis, c’est la vertu, la concentration et la sagacité. Après, il n’y a aucun lieu obligatoire, mais certains sont bien plus propices que d’autres. Pour faire du camping et de la marche, vous choisiriez plus volontiers la campagne que la ville je suppose. Pour méditer dans de bonnes conditions, loin des tentations et des distractions, c’est un lieu tranquille et isolé que nous choisissons plus volontiers.
Les plaisirs sensuels sont l’opposé même de la voie de la purification. Répondre aux plaisirs ne fait qu’entretenir l’esprit dans le poison que sont les attachements et l’aveuglement.
La méditation tend à se défaire de l’illusion et de l’asservissement du désir. Le désir tend à perdurer la douleur et le mécontentement.
La méditation écrase le désir, le désir écrase la méditation.
En cessant de vouloir se détacher. Tant qu’un étudiant pense au diplôme qu’il prépare, il n’avance plus dans ses études. L’entraînement à une vie saine et vertueuse, le cœur empli de générosité et de bienveillance, l’évitement des distractions et de tout ce qui fait obstacle au calme et à l’attention, tels sont les ingrédients grandement propices pour se détacher progressivement.
Quand l’esprit est parfaitement purifié, il ne subsiste ni attachement ni illusion. On est alors soulagé de l’asservissement continuel et infernal du désir. Et ce n’est qu’à ce moment-là qu’on voit à quel point le désir — quel qu’il soit — est… indésirable !
Seul l’aveuglement est à l’origine de la peur de perdre le désir. On a peur car on ne connait pas autre chose, alors on se persuade, bien malheureusement, que le désir est le seul moyen d’obtenir du bien-être. C’est exactement comme un enfant qui aurait peur de ne plus aimer ses jouets une fois adulte.
S’il y a bien une chose très effrayante, c’est l’idée de ne pas arriver à se défaire du désir, qui constitue la pire des dépendances et la racine de toutes les autres.
Le plus gros vice dans nos attachements, c’est que nous nous attachons à ces attachements ! Avant même d’arriver à la première réalisation stable sur la voie de l’Accomplissement, avec un certain entraînement au renoncement, à la méditation, on préfère naturellement et de plus en plus la tranquillité d’esprit, donc le silence, la solitude, le calme, la simplicité. Devient alors pesant tout ce qui est distractif et non vital. C’est-à-dire qu’on préfère se passer de plus en plus de tout ce qui est vu comme attrayant ou excitant par la plupart et qui cependant ne fait que nourrir les attachements. On voit de mieux en mieux les choses comme elles sont en réalité, ainsi on se satisfait mieux du rien, du vide et du paisible.
Grâce à la pratique de la vertu et de la méditation, à mesure que l’aveuglement se dissipe, on découvre peu à peu tout le mécanisme nuisible de l’esprit impliqué dans le moindre des « petits plaisirs ». C’est pourquoi le détachement est un processus naturel et qu’il ne peut être développé que par l’expérience personnelle et directe, et non par la croyance en quoi que ce soit, même lorsqu’il s’agit d’une croyance juste.
Parce que ce ne sont que des impuretés mentales, des attachements à des sensations agréables qui finissent inévitablement par disparaître. La preuve qu’il n’est pas souhaitable de s’y attacher, c’est qu’on est déçu lorsqu’elles cessent et qu’elles nous manquent lorsqu’on n’y a plus accès. Mais attention ! Point très important :
Ne vous interdisez pas d’apprécier les paysages qui vous inspirent, d’écouter votre musique favorite ou de déguster les plats que vous aimez, surtout si cela vous donne du bien-être et de la joie, éléments indispensable pour pratiquer le Dhamma dans de bonnes conditions. Ce n’est pas en réprimant les objets de vos attachements que vous accéderez au détachement. Vous ne récolteriez que de la frustration et du découragement. Pour favoriser le terrain, essayez toutefois de renoncer à tout ce dont vous pouvez vous défaire facilement, mais ne forcez jamais les choses. Le détachement est une conséquence naturelle de la méditation. Avec elle s’estompe l’aveuglement, qui est la racine des attachements. Privés de leur racine, ils ne pourront plus apparaître.
Pour obtenir un beau jardin libre de mauvaises herbes, il ne suffit pas de les couper sinon elles repoussent avec plus de force. Il faut les déraciner. Ce que seule la méditation est capable de faire.
Je répondrai en vous disant ce que le bouddhisme a de « moins » que les autres religions, vous en déduirez le « plus » : la croyance, le mystère et la dépendance d’une volonté divine.
Ainsi, dans la voie que Bouddha enseigne, tout peut être vu et compris personnellement, tout est parfaitement clair et explicable, et chacun reste le seul responsable de ses propres actes. D’ailleurs, le bouddhisme n’est pas une religion puisqu’il n’y a aucun principe supérieur auquel obéir, aucune unité à rejoindre, ni même aucune croyance, mais seulement son propre esprit à pénétrer pour connaître la réalité telle qu’elle est.
Non, c’était un être humain. Il est sorti du ventre de sa mère, fécondée par son mari, puis une fois adulte, il a lui-même fécondé une femme qui a mis au monde un petit garçon. Tous ceux-là étaient humains et sont morts il y a environ 2500 ans.
À la différence des autres humains, Bouddha a été capable de découvrir par lui-même la voie qui permet de se délivrer définitivement de toutes les impuretés.
Ils se prosternent et effectuent des offrandes à des statues pour marquer la profondeur de leur respect et développer du mérite à travers leur reconnaissance envers Bouddha et son enseignement. Pour les mantras, seulement certaines écoles bouddhiques actuelles les pratiquent. Ce sont des supports de méditation. Cependant, Bouddha n’a jamais parlé de mantras.
Bouddha n’a jamais parlé de véhicule autrement que pour évoquer le « véhicule unique ». En effet, son enseignement est universel, unique et le même pour tous. Les histoires de véhicules sont apparues avec les écoles récentes. Cela n’a rien à voir avec le Dhamma.
Parce que les humains sont différents et qu’ils aiment adapter les enseignements à leurs cultures et à leur vision des choses.
Adoptez un style d’enseignement qui convient à votre tempérament. Cependant, si vous souhaitez y voir clair, évitez d’accorder tant soit peu d’attention à tous les aspects traditionnels. Quand vous êtes malade et que vous prenez un médicament, vous vous moquez de connaître son nom ou son origine, votre seule préoccupation est qu’il vous guérisse.
Mettons que vous êtes dans une prison, que vous entendez parler de l’existence d’un tunnel vers la sortie, et que vous décidez alors de vous évader. Allez-vous d’abord vous convertir au « groupe de ceux qui veulent s’évader » ? Certainement non, vous allez seulement chercher à vous évader sans vous poser de questions !
Le bouddhisme est une thérapie destinée à mettre fin à la souffrance. À l’instar de toute thérapie, elle est recommandée pour qui veut bénéficier d’une guérison. Le bouddhisme n’impose rien et n’interdit rien. Ce n’est pas une voie radicale où il faudrait changer toutes ses habitudes du tout au tout. C’est une voie étape par étape, où le détachement se fait naturellement, sans rien forcer.
Le bouddhisme est une voie qui s’adapte à n’importe qui, quoi qu’il fasse et quel que soit sa capacité de compréhension. Personne ne vous demande de tout abandonner du jour au lendemain pour mener la vie d’un parfait ascète. S’abstenir de tuer, de voler, de tromper son partenaire, de mentir et de s’enivrer, tel est la recommandation de base du Dhamma. Bouddha recommande seulement aux moines et aux pratiquants avancés de s’abstenir de distractions et de bavardages, pas aux laïcs, pour qui il conseille simplement les 5 préceptes que je viens de citer.
Ce n’est pas démontrable par la parole, tout comme l’inverse d’ailleurs. Néanmoins, on peut le voir par soi-même, à condition de développer une méditation suffisamment profonde.
Nous avons déjà tous été un bien grand nombre de fois toutes sortes d’animaux, d’hommes, de femmes et d’esprits résidants dans des sphères de béatitude et dans des sphères douloureuses. Peu nombreux sont ceux qui en développent une certaine mémoire, spontanément ou par la méditation, bien plus rares sont ceux qui osent en parler.
Assurément non, puisqu’il n’est jamais demandé de croire. Même dans l’optique d’une existence unique, les bienfaits de la conduite vertueuse, ceux de la bienveillance et bien sûr, ceux de la méditation, sont immenses et immédiats.
Oui, mais ce n’est pas une mince affaire ! Cela exige un entraînement exemplaire durant un nombre incalculable de vies… Pour avoir une chance de succès dans cette voie très particulière, il faut avant tout être un renonçant parfaitement irréprochable, un méditant modèle, un grand sage.
Ceux qui les rabaissent sont ceux qui se méprennent sur les enseignements de Bouddha. Le « Bienheureux », comme on l’appelle aussi, a établi des règles différentes pour les femmes de la communauté monastique, dans le but de les protéger, étant donné qu’elles sont physiquement plus vulnérables. Bouddha comptait également de nombreuses disciples Accomplies parmi les femmes. S’il a hésité à fonder la communauté monastique féminine, c’était pour leur propre sécurité.
C’est à cause des déformations imposées par la culture et la tradition que nous voyons aujourd’hui dans certains pays bouddhistes des marques d’infériorité envers les femmes.
Même pas en rêve ! L’Accomplissement est le résultat d’une connaissance directe des éléments physiques et mentaux, qui elle-même requiert un esprit dépourvu de toute entrave mentale. Cette dernière condition ne peut être remplie qu’après le développement d’une très profonde concentration.
Nous restons parfaitement conscient de cette expérience, et il n’y a plus aucune place pour le doute. Bien avant d’en arriver là et après de longues années de pratique soutenue, nous finissons par ne même plus avoir le désir d’arriver à cette expérience. Nous continuons de méditer parce que nous savons que c’est la chose la plus bénéfique que nous puissions faire, mais sans attente, qui constitue un obstacle de taille.
L’Éveil est une chose définitivement acquise, comme une chaîne brisée qui ne peut plus rien enchaîner.
La pratique quotidienne, elle, devrait être entretenue avec diligence, régulièrement, avec un esprit empreint de bienveillance, de patience, et d’attention.
La lecture peut s’avérer très utile pour obtenir des explications, des conseils, des encouragements et de l’inspiration. Mais à terme, pour la méditation intensive, il est indispensable d’être guidé personnellement par un guide compétent.
Il n’y a qu’en essayant qu’on peut le savoir. Quand nous trouvons un enseignant de méditation dont l’enseignement nous inspire, nous essayons de pratiquer sous sa guidance. Nous appliquons scrupuleusement ses instructions en abandonnant tout le reste, sur une période de quelques semaines au moins. Si nous progressons, nous restons avec lui. Autrement, nous essayons de pratiquer avec un autre enseignant.
Chaque enseignant a sa propre façon d’enseigner. Cela pourra convenir à certaines personnes et moins à d’autres. Il ne faut donc pas chercher un « bon maître » mais un « maître qui nous convienne ». Bien sûr, pour nous aider dans le choix d’un guide, nous pouvons en parler avec des méditants qui nous donnent le sentiment d’être plus ou moins expérimentés. Il nous donneront alors leur avis sur les différents guides avec lesquels ils ont pratiqué.
Quoi qu’il en soit, remettez toujours en question ce qui doit l’être et sachez trouver votre chemin sans vous confiner dans une méthode « toute cuite » ou « toute figée ».
Il en faut, mais ça reste un ingrédient très secondaire comparé aux autres. Le jour (ou la vie) où nous sommes mûrs pour cette expérience, tous les ingrédients seront naturellement réunis. Pour s’accomplir, c’est surtout la sagesse dont nous avons besoin, et tout contribue à la développer dans la pratique du Dhamma : vertu, générosité, bienveillance, concentration, calme…
Un moine renonce à tout. Il ne prend pas de femme car la vie en couple — quoi qu’on aime croire — contribue essentiellement à servir le plaisir et croître les attachements, il renonce même à l’idée que son propre corps est sien. Il renonce à toute rétribution financière, même s’il consacre son temps à enseigner aux autres la sagesse et la fin du mal-être. Il évite toute distraction, tout plaisir et même de manger après midi. Il ne demande rien et se contente uniquement de ce qu’on lui donne avec joie et respect, permettant aux bienfaiteurs un mérite considérable. Il ne passe aucun instant pour choisir ses vêtements, se coiffer, se parfumer, se parer. Il s’entretient constamment dans la patience, l’attention et la bienveillance à l’égard de tous les êtres.
Où est l’égoïsme, là-dedans ?
Et si tout le monde était comme vous (qui que vous soyez et quoi que vous fassiez) ? Vous imaginez si tout le monde était plombier, cuisinier ou enseignant ? Soyez sans crainte, cela n’arrivera jamais.
Aussi, pour avoir la maturité suffisante pour la vie monastique, il faut soi-même avoir soutenu des moines de nombreuses vies durant.
Rien n’est plus facile. Il suffit de trouver une robe monacale et un bol, et les moines s’occupent de la procédure d’intégration dans la communauté monastique.
En revanche, c’est la vie monastique qui peut être difficile si on n’a pas l’habitude d’un mode de vie très sain et très simple. Un moine est tenu d’adopter continuellement un comportement irréprochable et de renoncer à tout ce qui n’est pas vital. Beaucoup de nouveaux moines commencent déjà à briser leurs préceptes avant même la fin de leur cérémonie d’ordination.
L’habit ne fait pas le moine.
La compassion n’est qu’un des aspects de la bienveillance. Bouddha parlait généralement de mettā, c’est-à-dire de la bienveillance, un état d’esprit avenant et tolérant face à tout être et en toute situation. Lorsque la bienveillance est dirigée vers ceux qui sont — pour quoi que ce soit — en situation inférieure à soi, c’est de la compassion, c’est le contraire de la cruauté. Lorsque la bienveillance est dirigée vers ceux qui sont en situation supérieure à soi, c’est de la joie altruiste, le réjouissement du bien-être des autres, c’est le contraire de la jalousie.
La bienveillance est très importante dans le développement du Dhamma, en plus de nous aider à supporter toutes les difficultés rencontrées. Elle est comme la musculature pour le sport ; plus elle est cultivée et plus nous remportons du succès dans notre pratique. Cependant, la bienveillance nous dirige vers des états heureux après la mort, tandis que les muscles ne font que pourrir après la mort.
Non. C’est une pratique saine, mais ce n’est pas un précepte. Ce qui est inconvenable est de tuer ou de faire tuer, mais le fait de consommer la chair d’un cadavre n’est pas un acte négatif, car ce n’est que de la chair, pas un être.
Bouddha lui-même mangeait de la viande, et je ne connais pas meilleur exemple de bienveillance et de compassion que lui.
Tout est dans l’intention. En clair, celui qui tue l’animal, et il le tuera que vous mangiez la viande ou non, développe du démérite, pas celui qui la mange, sauf s’il a demandé ou fait quoi que ce soit dans le but que l’animal soit tué.
Chaque végétal est doté d’un principe vital, ce qui le fait croître et réagir selon des facteurs divers, comme la lumière ou la température… Néanmoins, il n’est pas doté de conscience, on ne peut donc pas renaître en végétal. Dépourvu de conscience, un végétal ne connaît pas la moindre souffrance, quel que soit le traitement qu’il peut subir.
Cependant, lorsqu’on coupe du bois, ce sont aux petits animaux vivant dans et autour des arbres qu’il convient de faire attention à ne pas blesser ou déranger.
Le comportement vertueux est le fondement même de la voie vers l’Accomplissement. La vertu consiste à s’abstenir de tout acte nuisible du corps, de la parole et de la pensée.
Les actes nuisibles, aussi petits soient-ils, entretiennent un esprit impur. Un tel esprit ne peut pas accéder à une méditation profonde tout simplement parce qu’il n’est pas suffisamment en paix pour relâcher tout ce qui empêche le développement de la concentration.
Commettre des actes malsains, comme voler des fruits sur un arbre, tuer des insectes ou boire de l’alcool, c’est comme lancer des cailloux dans une mare. Méditer, c’est comme essayer de voir son reflet sur la surface de cette mare.
Faites de votre mieux pour entretenir une vertu aussi impeccable que possible. Le moindre mensonge peut briser une confiance entière.
Si quelqu’un faisait un seul et minuscule trou dans votre embarcation qui flotte juste derrière ma cabane, cela suffirait à la faire couler au fond de la rivière. Diriez-vous que ce n’est rien et que ce n’est qu’un tout petit trou ?
Ravi de votre rencontre avec ce renonçant, vous le remerciez chaleureusement avant de prendre congé de son petit havre de paix.
Maintenant les choses vous paraissent nettement plus claires sur cette apaisante voie du renoncement, de l’ouverture, de la simplicité, de la bonté, de la pureté, de la liberté et de l’Accomplissement. Cela vous réjouit, et presque naturellement, vous retrouvez votre chemin parmi les bras multiples de la rivière dont le courant est lent mais incontrôlable.
Naviguant lentement sur l’eau boueuse, aux reflets teintés du vert intense de la jungle, vous songez aux dernières paroles du moine, soulagé à l’idée que votre barque ne comporte aucune faille. Vous réfléchissez alors à la qualité de votre vertu, et comprenez que dépourvu de trou de méconduite, le bateau de l’esprit doit pouvoir cheminer très efficacement sur la rivière sauvage de l’existence, jusqu’au bon port de l’Accomplissement.
Origine : Rédigé pour dhammadana.org
Auteur : isi Dhamma
Date : Févr. 2011
Mise à jour : 16 févr. 2011