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Il est surprenant de constater à quel point on peut se persuader de certaines choses uniquement parce qu’on a entendu ou lu de simples affirmations. Des affirmations qui, très souvent, sont sans aucun fondement.
Il y a des personnes qui prétendent rechercher « l’éveil » des autres. Réfléchissons trente secondes et demandons-nous ce que font concrètement ces gens pour rechercher « l’éveil » des autres (hormis le fait d’en parler souvent). Les questions qui se posent sont : « Que signifie rechercher l’éveil des autres ? » Et « Qu’est-ce que ces personnes entendent par “éveil” ? ».
Selon Bouddha, il n’y a que soi-même qui puisse réaliser la Connaissance juste de la réalité, « l’éveil », la cessation de toute souffrance, de toute ignorance. On ne peut PAS faire autrement que de rechercher « l’éveil » QUE pour soi. (Pensons bien que sinon, Bouddha, qui était doté de l’omniscience, c’est-à-dire la connaissance parfaite de tout, une maîtrise de tous les pouvoirs psychiques, n’aurait jamais hésité le moindre instant, si cela s’avérait possible, à donner l’éveil à tous les êtres de l’univers !) Il a dit : « Je peux vous conduire à la source, mais je ne peux la boire à votre place. »
Il n’est pas possible d’aider un autre que soi. La seule chose que l’on puisse faire pour autrui, c’est de lui fournir des explications justes, avec sagesse, de le guider sur une voie saine et lui ouvrir les yeux sur ce qui est bénéfique tant pour lui que pour les autres. Tout cela, pour qu’il puisse s’aider LUI-MÊME, pour qu’il comprenne par lui-même les bienfaits inestimables d’une noble démarche qui pourra le mener peu à peu vers cet « éveil », qui est la fin définitive de toutes formes d’insatisfaction.
Comment apporter efficacement cet éclairage aux autres si l’on n’est pas soi-même affranchi de l’ignorance ? Comment faire comprendre la valeur infinie d’un tel entraînement de la vie si on ne l’a pas suivi soi-même ? Comment inciter autrui à observer cette sage démarche, en donnant de bons et justes conseils si l’on n’a pas soi-même éradiqué les impuretés mentales (kilesā) ?
Il est, certes, toujours mieux que rien, d’apporter autour de soi des conseils et explications à l’aide d’une petite compréhension acquise. Cependant, des conseils et explications donnés par celui qui est pur dans son esprit et qui est pur par sa conduite, auront infiniment plus d’impact.
Cela souligne l’importance de se purifier soi-même avant tout, afin de pouvoir être réellement efficace aux autres. Ne parlons même pas du fait que seule, une conduite de vie irréprochable, résultat d’une absence d’impuretés mentales comme l’avidité ou l’orgueil, est un exemple remarquable pour l’entourage. C’est une invitation à travailler sur ses impuretés, une suggestion de développer des actions positives, une incitation à éviter les actions négatives et à agir avec intelligence pour le bien de tous les êtres.
Le simple fait d’être réalisé, d’être éveillé, est une véritable bénédiction pour les autres. Ce n’est qu’une fois purifié que l’on peut être vraiment bénéfique aux autres.
Si plusieurs personnes sont tombées au fond d’un puits, l’une d’entre elles doit d’abord se sortir elle-même de celui-ci. Ensuite seulement elle pourra aller chercher une corde pour aider les autres à en sortir. Comment pourrait-elle le faire tant qu’elle est encore au fond ? Remarquons que c’est aux autres de saisir la corde, nul ne peut le faire à leur place, quel que soit le type de corde.
Toutefois, il y aura toujours des personnes qui n’auront rien de mieux à faire que de s’agripper à celui qui tente de remonter en haut du puits (afin d’aller chercher une corde pour sauver les autres) en l’empêchant de grimper tout en le blâmant : « Tu devrais nous aider plutôt que de nous abandonner, espèce d’égoïste ! » Nous constaterons au passage que ces personnes, quant à elles, ne font même pas l’effort d’essayer de grimper en haut du puits.
Certains « bouddhistes » le sont seulement. Bouddha mangeait de la viande. Il a imposé aux moines de ne jamais déclarer leur préférences, d’accepter tout ce que les laïcs leur mettent dans le bol, sans trier et sans faire le difficile. Toutefois, il a précisé que si un moine voyait, entendait ou apprenait qu’un animal était tué dans l’intention de l’offrir à un moine (ou plus), ce dernier devait refuser cette viande. Il y a aussi la viande de dix animaux qu’un moine ne peut accepter. La raison est que ces animaux représentaient, à cette époque pour beaucoup de gens, la noblesse ou le sacré. Pour ne pas choquer ces personnes, les moines ne consomment pas ces viandes. Il s’agit de l’humain, du chien, du cheval, de l’éléphant, du léopard, du tigre, du lion, de l’ours, du hyène et du serpent.
Hormis un problème de santé, un moine n’a donc pas à faire choix de son régime alimentaire. Cependant, il existe des moines qui, par souci de pureté, font le souhait de ne pas manger ce qui a nécessité la souffrance d’un être. Généralement, il s’agit de renonçants qui tiennent un vinaya (conduite) presque sans faute et les gens qui leur donnent à manger connaissent leur souhait. Ainsi, ils ne lui offrent que de la nourriture végétarienne. Mais si ce moine est digne de ce nom, malgré son souhait, si quelqu’un lui donne un morceau de viande, il devrait le manger.
Non. Il n’est pas envisageable de parvenir au but final sans pratiquer la concentration. Pour atteindre « l’éveil », il faut par définition avoir acquis une connaissance juste et directe de la réalité. Comment obtenir une telle connaissance de la réalité sans s’être entraîné à l’observer en détail ?
Non seulement il faut « méditer » pour atteindre « l’éveil » mais c’est vipassanā qu’il faut pratiquer pour cela car il n’y à que dans ce type d’entraînement que la réalité est observée telle qu’elle est perçue.
C’est donc une grave erreur de croire par exemple qu’il est possible d’atteindre « l’illumination » en ne faisant que réciter une formule un certain nombre de fois.
Notons que seul, l’entraînement à la concentration ne suffit pas pour parvenir au « but ultime ». Les pratiques du don et de la conduite sont également indispensables. Si une personne a des facilités pour pratiquer vipassanā dans cette existence, c’est qu’elle a nécessairement pratiqué le don et la conduite lors d’existences précédentes.
Pour expérimenter nibbāna, il est indispensable de développer plusieurs facteurs durant un grand nombre de vies. Beaucoup se sentent attirés par la « méditation » ou sont capables de faire l’effort de s’entraîner à accroître leur concentration. Cela signifie qu’ils se sont déjà entraînés au développement de ces facteurs durant leurs vies passées. Ces facteurs se retrouvent dans les trois pratiques essentielles du dhamma :
Pour en savoir plus sur cet entraînement, consultez la partie vipassanā.
Bien au contraire, c’est un entraînement qui permet de bénéficier de la plus belle des récompenses ! Passer son temps à courir après les plaisirs, c’est passer son temps à courir après la souffrance. Les efforts qui se destinent à la recherche ou à la satisfaction d’un plaisir – quel qu’il soit – ne permettent de développer que de l’avidité, de la colère et de l’ignorance. Ce sont précisément ces trois choses qui sont la racine de toutes les souffrances. C’est donc à la souffrance qu’on renonce en renonçant aux plaisirs.
Celui qui s’engage dans la voie du renoncement, renonce à jouir du confort, à s’adonner aux pratiques sexuelles, à accumuler des biens matériels, à manger à tout moment de la journée, à écouter de la musique, à perdre son temps dans toutes les autres distractions, et à satisfaire tous les types de désirs. Celui-là, ne l’oublions pas, renonce aussi et par conséquent aux malheurs, aux dangers, au saṃsarā, à la prison que représente l’existence, et d’une manière plus générale, aux innombrables problèmes et difficultés causés par la recherche, l’acquisition, et l’entretien de tous les types de plaisirs.
Il y a plusieurs raisons à cela. Déjà, dès lors qu’il n’y a pas d’activités physiques lourdes, l’organisme n’a pas besoin d’être nourri l’après-midi ; il suffit largement de manger convenablement le matin.
Le fait de manger un (ou plusieurs) repas supplémentaire développe les attachements (gourmandise, avidité…) Un repas supplémentaire occasionne des obstacles à une vie méditative : perte de temps (obtenir de quoi manger, préparer, cuisiner, manger, faire la vaisselle, se brosser les dents…), digestion (donc l’estomac est lourd, le corps fatigué, l’esprit est moins clair), coupure trop importante lors d’une retraite méditative, etc.
Même si ce précepte ne tient pas compte de cela, nous pouvons néanmoins ajouter à cela les bienfaits du jeune pour la santé et les aspects économiques de l’abstention de nourriture après midi.
Remarque : À défaut d’observer ce précepte, il est toutefois recommandé de manger solidement à midi et léger le soir, aussi bien pour la santé physique que mentale.
Le theravāda est très souvent et à tort désigné sous le terme de « hīnayāna ». Quand on fait l’effort de chercher ces renseignements vers la source, on s’aperçoit que la vérité est très loin de ce qu’on peut lire et entendre partout…
Durant les premiers temps du sāsana , le terme « hīnayāna » était le nom donné par les bhikkhu du saṃgha (jusqu’alors unique) à ceux qui, étant en désaccord avec certains points de l’Enseignement, ont établi leur propre école. En se distinguant par leur ligne de conduite aride, fixée sur la pratique, négligeant ou évitant les contacts avec les laïcs, ils ont ainsi créé la première division de l’histoire du saṃgha. En signe d’opposition, des moines ont alors adopté une façon d’être très souple, voire trop à l’extrême. Ce mouvement est à l’origine des autres écoles, comme le « mahayāna ». Pour le « hīnayāna », il a totalement disparu depuis longtemps.
En pali, « hīna » signifie mauvais (et non petit) et « yāna » véhicule, voie.
Bouddha n’a jamais parlé de petits ou grands véhicules, ce concept n’est qu’une invention des nouvelles écoles.
Les premiers groupes (ou écoles) dissidents qui sont à l’origine du bouddhisme « mahayāna » sont apparus lors de la division du saṃgha qui a eu lieu lors du 2ème concile. Ce concile s’est tenu à Vaishali, aux alentours de l’an 410 avant l’ère chrétienne, quelques 110 ans après le parinibbāna de Bouddha. Le « mahayāna » est pratiqué notamment en Chine, au Japon, en Corée et en Mongolie. On l’appelle aussi le « bouddhisme moderne ».
Le « mahayāna » est l’ensemble des écoles bouddhiques (comme le « bouddhisme zen » promulgué par Bodhidharma) dont les vues philosophiques puisent leur inspiration d’origine dans les doctrines de Nagarjuna et de Maitreyanātha.
Du point de vue du theravāda, il y a cinq catégories qui constituent le saṃgha, les ascètes et les ermites, et les laïcs. Tous peuvent être classés selon un ordre de priorité (pour être servi, pour être digne des marques de respect par les individus des catégories qui viennent après, etc.) Voici une brève description des catégories d’individus, par ordre de priorité :
nom en pali | nom en français | préceptes observés | remarques |
---|---|---|---|
bhikkhu | moine | vinaya (pour les moines) | le vinaya n’est pas à proprement dit un ensemble de préceptes. Définissant toute la discipline monastique, il inclut ipso facto tous les préceptes. |
bhikkhunī | moniale | vinaya (pour les moniales) | Ne peut plus exister. |
sāmaṇera | novice (masculin) | 10 préceptes | |
sikkhamāna | femme novice en période de probation avant de devenir moniale | 10 préceptes | Ne peut plus exister. Une sikkhamāna doit observer les six premiers des dix préceptes sans la moindre faute pendant deux ans, avant de pouvoir devenir bhikkhunī. |
sāmaṇerī | novice (féminin) | 10 préceptes | Ne peut plus exister. |
sīladhara | nonne | 8 ou 9 préceptes | Contrairement aux laïcs, la nonne porte un habit « monastique », se rase le crâne et vit en communauté. |
paribbājaka | ascète ou ermite aux vues erronées | Très variable | Un individu de cette catégorie peut être respecté parce qu’il mène une vie religieuse, mais les laïcs bouddhistes n’ont pas à les vénérer. |
upāsaka | laïc respectant Bouddha, le dhamma et le saṃgha | 8 préceptes ou plus | De nos jours, un laïc qui séjourne dans un centre de méditation est généralement tenu d’observer les huit préceptes. En plus de cela, une femme se doit de porter un uniforme sobre, sans couleurs et sans motif. |
5 préceptes | |||
Autres | Moins de 5 préceptes |
Les bhikkhu ne dépendent pas de la mendicité, parce qu’ils ne mendient pas. Les bhikkhu ne demandent rien, ils dépendent des dons, mais ils ne mendient pas pour les obtenir. De plus, un bhikkhu ne travaille pas tout simplement parce qu’il a fait le choix de ne pas travailler. Il y a ceux qui souhaitent continuer de travailler pour gagner leur nourriture, mais en général, ils le font aussi pour gagner beaucoup plus que ça ; pour s’acheter toutes sortes de plaisirs, de distractions, ou de loisirs. Le moine est celui qui a fait le choix de restreindre – ou tout au moins d’essayer de restreindre – sa consommation des plaisirs. En tout cas, il a fait le choix de ne plus du tout avoir une vie ordinaire de distraction ou de loisirs. De ce fait, il n’a plus du tout besoin d’argent, il n’a plus besoin de gagner sa vie, puisqu’il n’a plus rien à s’acheter. Pour ce qui est du minimum nécessaire pour sa nourriture et ses robes, ce sont des laïcs qui lui offrent ces choses-là. Ils sont d’ailleurs très contents de profiter de l’opportunité pour pratiquer le don et la charité en offrant le minimum vital – et parfois plus – à ces moines qui paradoxalement, ne leur ont rien demandé.
C’est un mode de vie, c’est un choix de vie que le moine a fait et on ne peut en aucun cas lui en faire le moindre reproche que ce soit. Si des personnes se disent : « C’est un peu facile de faire moine, on se fait nourrir, on se fait loger », je n’ai qu’une chose à leur dire : elles n’ont qu’à essayer, elles verront par elles-mêmes : pas de loisirs, pas d’amusement, pas de ski, pas de télévision, pas de musique, pas de sexe, pas de vêtements – en dehors du minimum (les robes) –, pas de coiffure, pas de maquillage, pas de bijoux, pas de montre, pas de distraction… Prenons l’exemple d’un balancier. D’un côté, il y a une apparente facilité de vie de celui qui bénéficie sans avoir d’efforts à faire de ce qui lui est offert, mais ceci est compensé par l’abandon de tous les plaisirs et de tous les loisirs. Si quelqu’un souhaite tenter cette expérience, qu’il le fasse. Si quelqu’un trouve que cette vie est facile – on l’appelle d’ailleurs « la vie facile » –, il est le bienvenu, il y a de la place !
Ce sont essentiellement des images mentales, des représentations qu’on se fait. Parce que nous vivons dans une société très matérialisée, avec les transports, avec des machines, on a tendance à établir une distinction de plus en plus violente, exprimée parfois violemment, entre ce qu’on appelle le naturel et l’artificiel. Je peux vous dire que lorsque vous êtes en Birmanie, dans une salle en train d’essayer d’être attentif à la respiration, aux émotions, aux pensées… et que vous avez une horde de corbeaux, qui hurle tout autour, ce n’est pas plus agréable qu’un marteau piqueur ou la circulation automobile. On fait beaucoup de jugements de valeur : les bruits de la nature devraient être enchanteurs et relaxants, alors que d’autres sons seraient censés être beaucoup plus stressants. Alors qu’en fait, dans l’approche qu’on a de la méditation, en règle générale, on préfèrera qu’il n’y ait pas de bruit du tout. Que ce soit le bruit d’une rivière, des oiseaux ou d’une voiture, on préfère le silence. Dans l’approche qui est celle de la vision de la réalité – vipassanā – même si au début, tous autant qu’ils sont, les bruits ont tendance à constituer une gêne, on apprend en fait à les traiter comme le reste des objets du mental. On essaie de se contenter d’observer le son et de ne pas entrer dans la logique de répulsion si c’est une voiture, ni dans la séduction si c’est un oiseau ou le bruit d’une rivière. On essaie de traiter à égalité tous les sons. Le traitement des sons, dans le vipassanā, consiste à les connaître pour ce qu’ils sont, simplement. On observe le phénomène de l’audition, sans aller plus loin que ça.
Premièrement, il n’est pas du tout considéré comme un acte négatif. Deuxièmement, ça n’est certainement pas une chose qui ne procure que de la jouissance. Cela procure infiniment plus de souffrance dans le monde que de jouissance, parce que pour quelques minutes d’excitation nerveuse sur un nerf frictionné, il faut payer le prix d’une véritable aliénation. C’est tout un esclavage que de vivre avec un partenaire. Encore que pour certaines personnes, la vie de couple se passe plutôt bien et harmonieusement, mais cela est déjà un cas de figure assez rare. Le plaisir sexuel engendre des comportements qui sont aberrants : des personnes qui errent lamentablement à la recherche de leur proie, des personnes qui vont jusqu’à commettre l’adultère, qui vont parfois commettre un crime pour satisfaire leurs pulsions, leur désir.
C’est une chose qui, en effet, est tout à fait naturelle, les chiens font la même chose, les rats aussi. Cela est considéré comme une faute pour un moine, car il est celui qui a fait le choix de s’en abstenir. Si le moine se livre à une copulation sexuelle, il n’est plus moine. C’est une faute uniquement dans le sens de manquement, d’erreur. Quand on fait une faute d’orthographe, on n’a pas fait une chose diabolique, mauvaise, et on ne va pas renaître en enfer, pour cela. On aura seulement fait une chose qui n’est pas correcte et qu’il faut essayer de corriger. De la même manière, lorsque qu’un moine qui envisage une relation sexuelle s’apprête à commettre une faute ; un comportement qui n’est pas correct dans la communauté des moines. Il n’a pas commis un acte qui va le faire renaître en enfer, il n’a pas commis de « péché ». Par cet acte-là, il s’est lui-même destitué de sa position de moine.
Personne n’oblige qui que ce soit à « faire moine », et si quelqu’un a envie de développer des rapports sexuels, personne ne le découragera à le faire. Bouddha n’a jamais dit que cela était mal, que cela fait renaître aux enfers. Il dit simplement que c’est ce qui entretient les êtres qui ne les différencient pas beaucoup des animaux et qu’en fait, le sexe génère un nombre considérable de peines, de misère et de souffrances dans le monde.
Avant d’être moine, le laïc qui prend les huit préceptes, et au-delà, les novices et les moines, sont ceux qui souhaitent évacuer complètement cette dimension de leur vie. Il n’y a rien qui soit contre nature en cela, puisque rien n’empêche d’être moine ou nonne, et si l’on veut continuer la vie de laïc avec un ou une partenaire, c’est tout à fait possible. La majorité des êtres qui ont atteint l’éveil du temps de Bouddha faisait partie de ce cas. C’était des gens qui avaient une épouse, ou un mari. Cela n’est donc pas du tout incompatible. C’est une question de choix.
Quelqu’un qui commet des crimes de toute sortes, commet des actes dont la rétribution sera de subir la même dose de peine et de souffrance. Comme dit Bouddha, quelqu’un qui a fait cela, en sera quitte pour une renaissance dans les enfers, et quand il aura purgé cette réserve d’akusala, il aura en quelque sorte payé sa dette. À ce moment-là, il pourra reprendre naissance dans le monde humain. L’acte que quelqu’un commet, de commettre par exemple des crimes, est un acte qui génère de la souffrance (de la souffrance physique, peut-être la mort) chez les autres, sans particulièrement les entraîner dans une direction quelconque. Si ces personnes expérimentent de telles souffrances, c’est parce qu’elles avaient elles-même, par le passé, donné de la souffrance à d’autres. Nous sommes là dans une logique relativement simple de l’action et de la réaction — qui est la loi du kamma.
Tandis que quand quelqu’un enseigne la vérité, il donne une orientation à la vie des gens. Il altère complètement l’orientation de la vie des gens. Même s’il ne leur procure pas de souffrance physique ou de souffrance mentale visible, le fait est qu’il les oriente dans une destination qui est celle du rêve, de croire dans la « vérité absolue », dans le bonheur éternel, le bonheur parfait après la mort, qui est bien sûr, une utopie. En faisant ça, il entretient et développe un facteur qui est bien pire que la violence ou la haine, qui est le facteur des vues.
Lorsque nous accomplissons un acte négatif, celui-ci est peut-être accompagné de vues, de croyances, ou pas. Par exemple, lorsque quelqu’un nous marche sur les pieds, on est énervé, on lui inflige une gifle. On a alors commis un acte de violence, on a donné une souffrance à quelqu’un.
Maintenant, on rencontre quelqu’un qui appartient à une communauté religieuse qui ne nous plait pas et on lui donne une gifle, la même gifle. Physiquement, la personne éprouvera la même souffrance. Néanmoins, la personne qui a commis l’acte, dans le premier cas, a eu un acte de violence, un accès de colère qui n’était pas associé à une vue ou à une croyance, et dans le second cas, il a eu un accès de colère et de violence qui était associé à des vues et des croyances. De ce fait, il a la nécessité de renaître dans les mondes inférieurs, s’il a commis des actes de violence, des actes de haine ou s’il s’est laissé aller à des désirs incontrôlés, lorsque ceci était associé à des vues.
Mais tant qu’il commet des actes de violence ou qu’il se laisse aller à des désirs incontrôlés sans que cela ne soit associé à des vues, de tels actes n’ont pas la possibilité de l’amener à renaître dans les mondes inférieurs, ou en tout cas beaucoup moins. C’est pour ça que lorsqu’un être a atteint le premier stade de l’éveil, lorsqu’il est « entré dans le courant », qu’il est devenu ce qu’on appelle un sotāpana, il a abandonné les vues. Il ne peut plus agir de manière où ses actes sont associés à des vues. Même s’il peut encore commettre des actes de violence, comme frapper quelqu’un, ou s’il peut se laisser aller à des désirs incontrôlés, le fait qu’il ne fait plus cela dans le cadre d’une croyance, d’un rite, d’une idée ou d’une conception qu’il a de la vie, cela n’a pas la possibilité de le faire renaître dans les mondes inférieurs.
Ce sont les vues qui ont la capacité de nous tirer vers le bas. Même s’il ne commet pas de violence physique, quelqu’un qui n’enseigne, qui ne prêche rien d’autre que des vues et des conceptions, vit dans un véritable concentré de vues. Celui-là va renaître « très bas » et va expérimenter des souffrances très pénibles pendant de nombreuses vies car il entraîne d’autres personnes dans le monde des vues et il entraîne d’autres personnes à agir en étant aveuglés par des conceptions et des vues. C’est-à-dire, des personnes qui, en tant normal, auraient continué de vivre, en faisant leur travail et en commettant parfois des actes de violence, ou en se laissant parfois aller à des désirs incontrôlés, le feront alors systématiquement parce qu’elles se seront laissé entraîner dans un courant religieux, d’idéologies, ou de croyances. Elles feront cela dans le cadre d’un programme, d’un projet religieux ou idéologique.
De plus, nous pouvons constater une chose : lorsque dans une société il y a des meurtres, des viols, qui se commettent, c’est une chose. Mais lorsque dans une société il y a un grand prêtre religieux qui émerge, ou qu’il y a un grand docteur en idéologie, en doctrine philosophique ou politique, il va à ce moment-là catalyser complètement l’attention des gens et nous pouvons constater, que les gens vont se mettre à pratiquer de telles abominations encore plus. On a vu cela dans les grandes conquêtes religieuses, dans les conquêtes par de grandes idéologies politiques, ils vont se mettre à pratiquer ces atrocités encore plus, parce que le fait d’avoir une croyance forte nous donne encore plus de hargne et nous aveugle encore plus. On peut encore sentir qu’on fait du mal quand on commet un viol. Mais lorsqu’on fait ça parce que cela fait partie d’un programme d’épuration ethnique qui rentre dans notre idéologie politique, on est intimement convaincu qu’en réalité, on fait le bien.
Voilà pourquoi les grands chefs religieux, les grands docteurs en idéologies et politiques diverses font paradoxalement infiniment plus de mal (l’histoire est là pour le démontrer), même s’ils ne tuent jamais, même s’ils ne commettent pas de viols — ce qui reste souvent à prouver. En plus, lorsqu’on commet des violences, on peut tuer quelques personnes, mais lorsqu’on est sous l’emprise des vues, des conceptions et des croyances et qu’on a le pouvoir, on peut tuer des gens par millions, ou endoctriner des gens par millions, qui vont à leur tour commettre des actes de violence, des viols collectifs, … sous l’emprise de l’idéologie qu’on leur a transmise. Voilà pourquoi les plus grands empoisonneurs de la société humaine sont justement tous ces religieux et tous ces politiciens.
L’indifférence est une attitude qui est enracinée dans l’ignorance et le détachement est une attitude qui est enracinée dans l’absence de désir.
Lorsque nous sommes indifférents, nous ne prêtons pas du tout attention à ce qui se passe. Lorsque nous avons une attitude détachée, c’est qu’au contraire, nous prêtons attention à ce qui se passe. Et nous ne développons pas d’attachement à ce qui se passe, parce que justement, nous sommes attentifs.
Ce sont deux attitudes qui sont totalement opposées.
Il y a essentiellement dix éléments qui constituent les polluants. Ils se répartissent en deux catégories : ceux qu’on appelle les supérieurs et ceux qu’on appelle les inférieurs. Il y en a cinq par catégorie.
Le premier est le fait d’avoir des vues erronées, des conceptions, des croyances – quelles qu’elles soient – en particulier la croyance dans le « moi », la croyance dans le soi, ou dans « l’en soi ». C’est la croyance qu’il y a quelqu’un qui habite ce corps ou qui régit cet esprit.
La deuxième est le doute. Le doute quant à l’enseignement du theravāda, et à la capacité que cet enseignement à de pouvoir amener les êtres à l’éveil. Doute sur la loi de l’action, de l’activité, doute sur la façon de se libérer de la souffrance, etc.
La troisième est la croyance dans l’efficacité des rituels, donc la nécessité de pratiquer un certain rite religieux, certains rituels, comme on le voit dans toutes les religions. C’est un polluant qui est très actif et très répandu dans ce monde. Ces trois polluants sont éliminés lorsqu’on fait l’expérience de l’éveil pour la première fois, qu’on atteint le stade de ce qu’on appelle sotāpana (celui qui entre dans le courant). C’est pourquoi le sotāpana ne se livre à aucun rite religieux, que bien entendu, il ne doute pas de la véracité de l’enseignement et a totalement éliminé la croyance dans le « moi » (ou le « soi »).
Les deux polluants suivants sont le plaisir, lié au désir des sens, et enfin, la colère, l’aversion. Ces deux polluants sont éliminés seulement lorsqu’on a atteint le troisième stade d’éveil. Le second stade – celui du sakadāgāmi – ne change pas grand-chose, si ce n’est qu’il est censé affaiblir ces polluants. Celui qui a atteint le troisième stade – l’anāgāmi – est libre du désir et de la colère. Bouddha dit de lui qu’il a atteint le bonheur parfait en ce monde.
Ensuite, il reste les cinq polluants supérieurs, qui sont éliminés uniquement par celui qui a atteint le quatrième stade – l’arahant –, qui est arrivé à la libération complète, la fin de tous les polluants. Le sixième polluant est le désir de faire l’expérience des consciences divines, dites formelles — les jhāna.
Le septième est le souhait de faire l’expérience des consciences divines informelles – les jhāna informels –, qui sont des consciences extrêmement subtiles, ce sont les consciences divines.
Le huitième est l’agitation mentale. Ce n’est pas, comme beaucoup de gens croient, l’afflux des pensées, mais simplement le fait que le mental tend à papillonner et à se fixer de manière incohérente aux différents objets qui se présentent à la conscience.
Le neuvième est l’orgueil, qui peut se manifester de trois manières… 1) La manière grossière, qui est la conviction qu’on est supérieur aux autres, qu’on est convaincu d’avoir des qualités supérieures aux autres. 2) L’humilité, qui est la sensation d’être inférieur aux autres ou qu’on a des qualités inférieures aux autres. 3) L’orgueil par égalité. Il s’agit de l’égalité dans la perception qu’on a de soi : on se perçoit égal aux autres.
Le dixième est l’ignorance. Il s’agit de l’absence de connaissance de la réalité intrinsèque des phénomènes. C’est l’absence de connaissance de ce que les choses sont réellement dans la réalité.
Seul celui qui a atteint le dernier stade, c’est-à-dire l’arahant, celui qui est pleinement libéré, a éliminé ce dernier et ultime polluant du mental.
Ces dix polluants font que les êtres tournent en rond (surtout dans les mondes inférieurs) dans le cycle des morts et des renaissances. Ils le font depuis des temps immémoriaux et tant qu’ils n’auront pas rencontré l’enseignement de Bouddha, c’est-à-dire le theravāda, ils continueront de le faire encore pendant des temps incommensurables.
Origine : Questions de gens divers (généralement envoyées par courriel)
Auteurs des réponses : Moines Dhamma Sāmi et Sāsana
Date : Entre 2001 et 2008 (27 avril 2002 pour les 6 questions au moine Sāsana)
Mise à jour : 5 mars 2008