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Le terme pali « piṇḍapāta » signifie « nourriture offerte dans le bol », c’est-à-dire toute sorte d’alimentation d’une personne qui l’offre à un bhikkhu en le versant dans son bol. Une personne qui a l’habitude de chercher sa nourriture de cette façon est appelée un piṇḍapātika.
« piṇḍapāta » = « nourriture obtenue à l’aide du bol » ; « ika » = « celui qui cherche »
Littéralement, « piṇḍapātika » signifie donc « celui qui collecte de la nourriture à l’aide du bol », c’est-à-dire une personne qui a l’habitude d’effectuer une ronde pour obtenir ses besoins alimentaires.
Lorsque cette pratique est convenablement appliquée, avec constance et diligence, avec la détermination de ne pas la rompre, on dit qu’il y a « piṇḍapātikaṅga » (état d’esprit de la nourriture obtenue à l’aide du bol).
Pour adopter ce dhutaṅga, il convient de prononcer la phrase suivante soit en pali, soit dans la langue de son choix…
« atirekalābhaṃ paṭikkhipāmi, piṇḍapātikaṅgaṃ samādhiyāmi. »
« Je renonce à toute alimentation provenant en dehors de la nourriture obtenue à l’aide du bol, je m’entraînerai à ne manger que la nourriture obtenue par collecte à l’aide du bol. »
Selon les restrictions, il existe trois sortes de pratiquants du dhutaṅga piṇḍapāta :
Le bhikkhu qui pratique le dhutaṅga piṇḍapāta peut accepter de la nourriture en provenance d’une maison qu’il a déjà dépassée ou d’une maison devant laquelle il n’est pas encore passé. Il peut également accepter la nourriture d’une auberge ou de quelqu’un qui lui prend son bol pour aller lui verser de la nourriture à un autre endroit. Néanmoins, un pratiquant noble du dhutaṅga piṇḍapāta ne devra pas accepter de nourriture en attendant à un endroit dans l’espoir d’en recevoir d’une personne qui l’a invité, ne serait-ce le jour même (à venir recevoir cette nourriture).
Le bhikkhu pratiquant intermédiaire du dhutaṅga piṇḍapāta pourra accepter de la nourriture en attendant à un endroit dans l’espoir d’en recevoir d’une personne qui l’a invité le jour même (à venir recevoir cette nourriture), mais pas si cette personne l’en a invité un jour précédent.
Le bhikkhu pratiquant ordinaire du dhutaṅga piṇḍapāta peut accepter de la nourriture offerte par une personne qui l’a invité, quel que soit le jour de l’invitation.
En pratiquant le dhutaṅga piṇḍapāta, on peut bénéficier des avantages suivants…
Remarque : seule la pratique d’un dhutaṅga permet d’en comprendre véritablement les avantages.
Dès l’instant où un bhikkhu pratiquant du dhutaṅga piṇḍapāta accepte et consomme un aliment obtenu autrement que par la collecte à l’aide du bol, il brise son dhutaṅga.
Un pratiquant du dhutaṅga piṇḍapāta ne doit pas accepter l’une des 14 sortes de nourriture suivantes :
Il n’est pas convenable qu’un bhikkhu qui pratique le dhutaṅga piṇḍapāta accepte ni consomme l’une de ces 14 sortes de nourriture (précitées), sinon il brise son dhutaṅga dès l’instant où il en consomme.
Si des dāyakā souhaitent offrir l’une des 14 sortes de nourriture (précitées) à un bhikkhu pratiquant du dhutaṅga piṇḍapāta en la rendant convenable, et qu’ainsi, au lieu de dire « Veuillez accepter cette nourriture offerte à l’intention du saṃgha, Vénérable ! », ils disent « Dans notre maison, il y a des bhikkhu qui viennent recevoir de la nourriture en la collectant à l’aide de leur bol. Veuillez également accepter notre nourriture avec votre bol, Vénérable ! », ce bhikkhu peut l’accepter et la consommer tout en demeurant respectueux de son dhutaṅga.
Selon les textes du « visuddhi magga », un pratiquant du dhutaṅga piṇḍapāta peut accepter l’une des 14 sortes de nourriture précitées si elle lui est offerte dans le cadre de la collecte de nourriture par le bhikkhu de maison en maison. Pour cela, cette intention devra être spécifiée dans la tournure de phrase employée par le dāyakā souhaitant offrir la nourriture.
Le bhikkhu pratiquant du dhutaṅga piṇḍapāta peut également accepter et consommer des produits médicinaux offerts pour le saṃgha, tout comme la nourriture offerte pour le saṃgha et cuisinée dans un monastère, mais celle-ci doit être acceptée par quelqu’un qui vient vers le bhikkhu pour la verser dans son bol, lorsqu’il part collecter sa nourriture au village (ou qu’il en revient). Il en est de même pour les fruits qui poussent sur les arbres situés à l’intérieur de l’enceinte d’un monastère.
Naturellement, un bhikkhu pratiquant du dhutaṅga piṇḍapāta peut accepter les affaires des quatre nécessités, même en dehors de la collecte quotidienne pour les robes, le logement et les médicaments.
En premier lieu, le bhikkhu qui se rend dans une zone habitée pour aller y collecter sa nourriture est tenu de s’appliquer convenablement à tous les sekhiya que Bouddha a établis. En suivant dignement ces points de conduite, le bhikkhu ne fera que développer la saddhā des dāyakā et son attitude vigilante et posée accroîtra sa réputation, et donc, celle du saṃgha.
Ses robes doivent être bien fermées et bien régulières, tout autour. Celle du bas doit descendre à près de huit doigts (largeurs de doigts) sous les genoux, et celle du haut à près de quatre doigts dessous. Si le vent souffle, afin que la robe ne se soulève pas, le bhikkhu doit fixer le pan de sa robe à l’aide d’un petit bouton. Les poignets doivent être soigneusement recouverts. Il ne doit pas regarder tout ce qui se passe, comme un corbeau des forêts. Il doit maintenir dignement son regard constamment dirigé vers le bas (à environ quatre coudées devant soi, soit près de deux mètres). Hormis un danger, le bhikkhu ne doit pas relever sa robe en allant ou en revenant d’une zone habitée. Il ne doit pas non plus se couvrir la tête d’un tissu, même si le soleil est fort ou s’il pleut. Pour se protéger, il peut employer un éventail prévu à cet effet. Il ne doit pas parler à haute voix, ni rire bruyamment. S’il est amené à parler (pour une raison valable), il doit le faire à voix basse. Il ne doit pas non plus agiter son corps, ses bras ou sa tête, ni mettre les mains sur les hanches, ni croiser les bras, ni marcher sur les talons.
L’état d’esprit à adopter dans la pratique du dhutaṅga piṇḍapāta
Il convient que le bhikkhu qui pratique le dhutaṅga piṇḍapāta adopte un support de kammaṭṭhāna (samatha ou vipassanā) qui lui convienne, pendant qu’il va collecter sa nourriture et pendant qu’il la collecte. Cela est très profitable, autant pour lui-même que pour les autres.
Du temps de Bouddha, un célèbre bhikkhu, le Vénérable mahāthera Subhūti avait l’habitude de développer mettā en permanence, même pendant qu’il allait collecter sa nourriture. Grâce à cette pratique ininterrompue de la bienveillance à l’égard de ses donateurs et de tous les êtres qu’il croisait, il réalisa le premier jhāna, et peu de temps après, il devint arahant. Sa mettā était basée sur ces paroles :
« sukhitā hotha, dukkhāmuccatha », ce qui signifie « Puissiez-vous connaître la santé et le bonheur ; puissiez-vous être libre de souffrance ! »
La vie de bhikkhu est cette existence dans laquelle on se satisfait largement de la nourriture obtenue en ayant effectué une ronde, grâce à ses propres jambes. On se contente de ce que veulent bien nous donner les gens, même de restes. Un bhikkhu, même puthujana, peut éliminer l’avidité, donc réduire considérablement les kilesā grâce au dhutaṅga piṇḍapāta. Il est donc heureux et tranquille dans son mental. Il est libre de soucis et d’inquiétude pour obtenir sa nourriture (travail, culture, préparation, etc.) Il demeure seulement serein.
Celui qui pratique régulièrement la collecte de nourriture à l’aide de son bol ne rencontre pas d’obstacle ni d’interdiction ; celui qui adopte ce dhutaṅga peut aller où il veut, dans chacune des quatre directions. Grâce à cette pratique, il peut se débarrasser de la lassitude et de la paresse. Ce moyen de subsistance est parfaitement pur (par ce moyen d’obtenir ses besoins, aucun akusala ne peut être commis). Celui qui obtient les besoins de son corps par une telle pratique est donc libre de toutes fautes.
Pour ces raisons, les « fils de Bouddha » que sont les bhikkhu, qui vivent au sein du sāsana, sont tenus d’être respectueux en allant collecter leur nourriture. Comme Bouddha l’encourageait fréquemment, chaque bhikkhu devrait faire ainsi tous les jours.
Origine : Ouvrage en birman
Auteur : Moine Devinda
Date : 2001
Traducteur : Moine Dhamma Sāmi
Date de traduction : Janv. 2004
Mise à jour : 18 juin 2005