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04 - dhutaṅga sapadānacāri

Signification du dhutaṅga sapadānacārika

Le terme pali « sapadānacāra » signifie « circuler sans sauter de maison », c’est-à-dire aller de maison en maison, en évitant d’en franchir une sans s’y arrêter.

« dāna » = « fait de franchir des maisons » (dans un autre contexte, ce terme signifie « don ») ;

« apadāna » = « ne pas franchir de maisons (ou) ne pas sauter de maisons » ;

« sapadāna » = « toutes les maisons, les unes après les autres, sans en sauter une seule »

Le bhikkhu qui adopte l’habitude de collecter sa nourriture en s’arrêtant devant chaque maison, sans en sauter une seule, est donc appelé « dhutaṅga ». Lorsque cette pratique est convenablement appliquée, avec constance et diligence, avec la détermination de ne pas la rompre, on dit qu’il y a « sapadānacārikaṅga » (état d’esprit de la collecte de nourriture sans sauter de maisons).

Les êtres nobles s’entraînent constamment au développement de mettā à l’égard de tous les êtres, quels qu’ils soient, sans choisir. Dans le même état d’esprit, un bhikkhu noble va accepter la nourriture devant toutes les maisons qui se présentent à lui, sans choisir. Il peut y avoir des maisons où un bhikkhu aime aller collecter sa nourriture, et d’autres qu’il préfère éviter. Quand un bhikkhu pratique le dhutaṅga sapadānacārika, il est épargné de faire ces sélections qui ne développent que lobha et dosa. Il accepte également et avec un état d’esprit pur, la nourriture de chaque maison qui se présente sur son chemin, sans avoir à réfléchir. On considère que l’état d’esprit dhutaṅga est présent lorsque le bhikkhu qui collecte sa nourriture ne choisit pas la situation sociale de ses donateurs, qu’il ne choisit pas les maisons, qu’il ne choisit pas ce qui est mauvais, moyen ou de haute qualité, et qu’il s’arrête devant chaque maison qui se présente sur son chemin.

Le bhikkhu qui adopte ce dhutaṅga s’arrête devant toutes les maisons qui se trouvent sur son chemin, même devant celles où il est probable que personne ne donnera quoi que ce soit. Le bhikkhu peut aller s’arrêter devant les maisons d’une rue seulement s’il s’est arrêté devant toutes les maisons de la rue où il se trouve. Il peut choisir la rue où il se rend, mais doit stopper devant toutes les maisons qui se trouvent sur son chemin depuis son vihāra. Lorsqu’il obtient sa nourriture en suffisance, il arrête sa collecte. Aussitôt qu’il a fait demi-tour, le bhikkhu peut accepter la nourriture que les gens viennent lui apporter, mais ne doit plus aller stopper où que ce soit.

Chaque pratiquant des dhutaṅga est libre de prendre les déterminations qu’il souhaite. Ainsi, certains bhikkhu se fixent préalablement un nombre maximal de maisons (devant lesquels ils s’arrêtent quotidiennement) et ils s’y tiennent. C’est-à-dire que lorsque ce nombre de maisons est atteint, le bhikkhu retourne à son vihāra, même s’il n’a pas obtenu suffisamment de nourriture.

Adoption du dhutaṅga sapadānacārika

Pour adopter ce dhutaṅga, il convient de prononcer la phrase suivante soit en pali, soit dans la langue de son choix…

En pali :

« loluppacāraṃ paṭikkhipāmi, sapadānacārikaṅgaṃ samādhiyāmi. »

En français :

« Je renonce à collecter ma nourriture en fonction de mes attachements, je m’entraînerai à collecter ma nourriture en stoppant devant chaque maison sans en sauter une seule. »

Les trois sortes de pratiquants du dhutaṅga sapadānacārika

Selon les restrictions, il existe trois sortes de pratiquants du dhutaṅga sapadānacārika :

  1. ukkaṭṭha dhutaṅga, le pratiquant noble du dhutaṅga sapadānacārika
  2. majjhima dhutaṅga, le pratiquant intermédiaire du dhutaṅga sapadānacārika
  3. mudu dhutaṅga, le pratiquant ordinaire du dhutaṅga sapadānacārika

1. le pratiquant noble

Le bhikkhu pratiquant noble du dhutaṅga sapadānacārika n’accepte pas de nourriture offerte par une personne sortant à l’avance d’une maison devant laquelle il n’est pas encore passé, offerte par une personne sortant sur le tard d’une maison devant laquelle il est déjà passé, offerte par une auberge (ou magasin, etc.). Il n’accepte que la nourriture offerte par une personne qui sort de la maison devant laquelle il est arrêté.

Un bhikkhu pratiquant noble de ce dhutaṅga peut aussi accepter de la nourriture en donnant son bol à la personne qui, sortant de la maison devant laquelle il est arrêté, souhaite lui offrir de la nourriture. En effet, le célèbre mahāthera Mahā Kassapa, qui n’a pas d’égal pour la pratique des 13 dhutaṅga, a déjà donné son bol au roi Sakka, pour qu’il lui verse aisément de la nourriture.

2. le pratiquant intermédiaire

Le bhikkhu pratiquant intermédiaire du dhutaṅga sapadānacārika peut accepter de la nourriture offerte par une personne sortant à l’avance d’une maison devant laquelle il n’est pas encore passé, offerte par une personne sortant sur le tard d’une maison devant laquelle il est déjà passé, offerte par une personne qui sort de la maison devant laquelle il est arrêté, ou offerte par une auberge (ou magasin, etc.). En revanche, il ne va pas attendre devant la maison d’un dāyakā qui l’a invité pour le jour même en espérant de la nourriture de sa part.

3. le pratiquant ordinaire

Le bhikkhu pratiquant ordinaire du dhutaṅga sapadānacārika peut aller attendre devant la maison d’un dāyakā qui l’a invité pour le jour même en espérant de la nourriture de sa part.

Les avantages du dhutaṅga sapadānacārika

En pratiquant le dhutaṅga sapadānacārika, on peut bénéficier des avantages suivants…

  1. on bénéficie (on peut bénéficier) chaque jour de nouveaux dāyakā
  2. on développe de la bienveillance de façon égale pour tous les dāyakā, tout comme la pleine lune qui brille pareillement pour tous les êtres
  3. on est débarrassé de l’avarice
  4. développement de la compassion de façon équitable pour tous les dāyakā
  5. on est libre de fautes en se rendant auprès d’un dāyakā (on se rend auprès de lui sans avoir besoin d’y être invité, car on y va seulement pour la collecte)
  6. on peut refuser toute invitation
  7. on n’est pas un individu qui a besoin de se faire apporter de la nourriture
  8. on bénéficie d’un moyen convenable de subvenir à ses besoins, en étant capable de se satisfaire de peu

Remarque : seule la pratique d’un dhutaṅga permet d’en comprendre véritablement les avantages.

La manière de rompre le dhutaṅga sapadānacārika

Dès l’instant où un bhikkhu pratiquant du dhutaṅga sapadānacārika saute un village, une rue ou une maison, avec l’espoir d’obtenir de la meilleure nourriture ou plus de quantité de nourriture, il brise son dhutaṅga.

Les points devant être respectés par le pratiquant du dhutaṅga sapadānacārika

Un bhikkhu pratiquant des dhutaṅga devrait partir tôt le matin collecter sa nourriture quotidienne, car s’il rencontre un danger à un endroit, il aura le temps d’aller ailleurs pour obtenir son repas.

À l’entrée d’un village, le bhikkhu doit faire attention en regardant s’il n’y a pas des éléphants, des chevaux, des buffles, des vaches, etc. S’il aperçoit quelque chose susceptible d’être (pour lui ou pour les donateurs qui sortent de leur maison) une source de danger, dans une rue (ou dans un village), il peut changer de rue (ou de village).

Si le bhikkhu n’obtient rien du tout dans un village, dans une rue ou dans une maison, il doit s’en souvenir et ne plus y retourner ultérieurement.

S’il obtient quelque chose dans un village, dans une rue ou dans une maison, aussi peu soit-il, il ne doit pas le (ou la) franchir la prochaine fois qu’il y passe.

Il ne convient absolument pas qu’un bhikkhu pratiquant du dhutaṅga sapadānacārika accepte une invitation à un repas. Toutefois, un tel bhikkhu pourra accepter qu’un donateur prenne son bol pour aller lui verser de la nourriture dedans et revenir vers lui en lui remettant son bol pour lui offrir la nourriture. Il peut accepter de cette façon la nourriture offerte par toute personne qui vient auprès de lui, même si elle vient d’un endroit qui n’est pas sur son chemin ou même si le bhikkhu est sur le chemin du retour. Dans ces cas, le dhutaṅga sapadānacārika ne sera pas brisé.

Un bhikkhu pratiquant du dhutaṅga sapadānacārika ne doit pas accepter la nourriture spécialement préparée pour le saṃgha.

Il n’est pas convenable qu’un tel bhikkhu entre dans un village, dans lequel il se rend fréquemment, en se réjouissant de la nourriture dont il se doute qu’on va lui offrir. Il collecte seulement la nourriture de maison en maison, sans espérer quoi que ce soit.

Encouragement au dhutaṅga sapadānacārika

Bouddha avait beaucoup de considération pour le dhutaṅga sapadānacārika, pratique en mesure d’éradiquer l’avidité pour la nourriture et de permettre une compassion égale envers les donateurs. En raison de cette grande considération pour cette pratique, il l’adoptait lui-même, lorsqu’il allait collecter sa nourriture à Kapilavatthu, sans sauter de maisons.

Le bhikkhu qui pratique ce dhutaṅga ne voit de défaut à aucun endroit. Il a l’esprit toujours pur et serein. Il ne peut pas avoir de jalousie envers les autres bhikkhu. Prenant soin de ne manquer aucune maison, il développe naturellement une grande vigilance.

infos sur cette page

Origine : Ouvrage en birman

Auteur : Moine Devinda

Date : 2001

Traducteur : Moine Dhamma Sāmi

Date de traduction : Janv. 2004

Mise à jour : 18 juin 2005