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Les 92 pācittiya (5)
4e partie (suite)
 

pācittiya 36 (dutiya pavāraṇā)

L’origine

Deux bhikkhu effectuaient un long voyage en direction de la ville de Sāvatthi. Étant donné que l’un d’eux avait une forte tendance à commettre des choses décommandées par le vinaya, son compagnon lui posait des interdictions. Ce qui provoquait chez lui une certaine rancune. En arrivant à Sāvatthi, le bhikkhu rancunier s’est rendu auprès de sa famille. Après y avoir mangé, il a reçu de la nourriture et est allé retrouver son compagnon. Il lui a remis cette nourriture en lui disant : « Manges ! »

Le bhikkhu recevant cette nourriture se trouvait dans le cas d’un pavārito (voir pācittiya 35) et tous deux le savent. Si la nourriture n’est pas atirita, il ne peut pas la manger. Ainsi, il a refusé cette nourriture en déclarant : « J’ai fini, je suis rassasié. »

Malgré tout, le bhikkhu rancunier a tenté de le persuader à manger de nouveau en insistant : « C’est vraiment succulent, manges donc ! » À ce moment-là, embarrassé, le bhikkhu fini par céder et se met alors à manger cette nourriture apportée par son compagnon. Soudainement, le bhikkhu rancunier a sauté sur l’occasion pour lui lancer le reproche suivant, sur un ton de vengeance : « Ça alors ! Une personne comme vous, qui, durant le voyage, n’a cessé de me dire que je ne commet que des choses inconvenantes, ose à son tour commettre une faute ? Après avoir commis un pavārito, vous avez consommé de la nourriture qui n’est pas atirita. »

L’autre bhikkhu a ensuite répliqué : « N’auriez-vous pas du m’indiquer que cette nourriture n’était pas atirita avant que je ne commence à la manger ? » Le bhikkhu a raconté à d’autres comment il a poussé son compagnon à commettre une faute. En entendant cela, les autres bhikkhu l’ont vivement critiqué. Prenant connaissance de cela, Bouddha a établi ce pācittiya.

pācittiya 36 en pāḷi

« yo pana bhikkhu bhikkhuṃ buttāviṃ pavāritaṃ anatirittena khādanīyo vā bojanīyena vā abhihaṭṭhuṃ pavāreyya “handa bhikkhu khāda vā bhuñja vā” ti jānaṃ āyādanā-pekkho, bhuttasmiṃ pācittiaṃ. »

Définition

Ne pas inciter un autre bhikkhu à manger ailleurs après avoir fait comprendre qu’il a fini son repas ou refusé de se faire resservir. Sachant qu’un bhikkhu a commis un pavārito, si un autre bhikkhu s’arrange pour que ce premier commette une faute, en lui proposant de la nourriture avant qu’il n’ait fait atirita, ou de la nourriture qui n’est pas les restes d’un bhikkhu gilāna (malade), il commet un dukkaṭa.

Si le bhikkhu ayant accepté cette nourriture la mange, il commet un dukkaṭa à chaque ingestion. Une fois qu’il a fini de manger, le bhikkhu ayant proposé cette nourriture commet le pācittiya 36.

pācittiya 37 (vikālabhojana)

L’origine

À la ville de Rājagaha, il y avait une grande fête cérémonieuse, très animée, sur le sommet d’une colline. Un groupe de dix-sept jeunes bhikkhu âgés de dix-sept ans s’y étaient rendus. En ce temps-là, la règle consistant à ne pas intégrer dans le saṃgha des personnes âgées de moins de vingt ans n’avait pas encore été établie [pācittiya 65], ni les préceptes qui consistent à interdire aux bhikkhu d’assister à des spectacles [7e précepte].

En arrivant à cette fête, ils ont rencontré des proches qui leur ont proposé de se doucher, les ont enduis de parfum – le [8e précepte], consistant à proscrire l’utilisation de parfums n’était pas encore en vigueur – et leur ont offert le repas. Au moment de quitter la fête, ils leur ont également remis des petits gâteaux.

Lorsqu’ils sont rentrés à leur monastère, ils ont remis les gâteaux à un groupe de six bhikkhu en leur disant : « Mangez donc ! » Comme ces six bhikkhu leur demandaient où ils les avaient obtenus, les dix-sept leur ont répondu qu’il s’agissait d’une offrande de la part de proches. Les six ont voulu savoir s’ils étaient à la grande fête cérémonieuse du sommet de la colline. Tout en acquiesçant, ils ont précisé qu’ils avaient mangé là-haut. Les six ont alors demandé : « Vous avez mangé après midi ? » Comme les dix-sept confirmaient, ils se sont fait réprimander. Lorsque Bouddha a appris ce fait par des bhikkhu, il a aussitôt établi ce pācittiya.

pācittiya 37 en pāḷi

« yo pana bhikkhu vikāle khādanīyaṃ bojanīyaṃ vā khādeyya vā bhuñjeyya vā, pācittiaṃ. »

Définition

Ne pas consommer d’aliments solides entre midi et l’aube suivante. Un bhikkhu qui consomme une telle nourriture après midi – solaire – commet un pācittiya.

La période commençant à l’aube, dès les premières lueurs du jour dans le ciel et se terminant au midi solaire, lorsque le soleil est à mi-parcours entre son lever et son coucher, est appelée « kāla », ce qui se traduit par « temps correct ». La période complémentaire partant de midi et allant jusqu’à l’aube est appelée « vikāla », ce qui se traduit par « temps incorrect ». Durant cette période « incorrecte », un bhikkhu est tenu de ne consommer ni l’une des « cinq sortes de nourritures » (voir le pācittiya 32), ni des gâteaux, ni des fruits de quelle sorte que ce soit. En fait, aucune forme d’aliment solide. Durant le « vikāla », en cas d’absence de problème de santé, il convient également de ne pas consommer de médicaments.

En cas de faim intense, un bhikkhu est autorisé à boire du sucre de palme fermenté liquide, du sucre liquide, diverses sortes de jus proprement filtrés.

Les aliments comme le lait de vache, le lait de soja, le café et les infusions restent interdits après midi.

En cas d’absence de faim, il est plus convenable de ne pas boire de jus, même autorisé. Une simple soif devrait être étanchée à l’aide d’eau.

Un bhikkhu non malade ne doit en aucun cas manger un aliment solide entre midi et l’aube. Si un bhikkhu, très affamé ou manquant d’énergie, se voit offrir un aliment dur (autorisé), comme de la mélasse durcie, il peut à la rigueur le sucer mais en aucun cas le mâcher. Après midi, un bhikkhu ne doit jamais croquer ni mâcher quoique ce soit.

Remarque : dans le contexte du vinaya, « midi » fait toujours référence au midi solaire. L’horlogerie est une invention récente et les fuseaux horaires restent très imprécis étant donné que l’heure peut être la même d’un point à l’autre, séparés d’ouest en est d’une distance de mille kilomètres, alors que près de trente-sept minutes « solaires » séparent ces deux points.

Les dix viandes interdites

Il existe 10 viandes totalement interdites de consommation pour les bhikkhu : l’humain, l’éléphant, le cheval, le chien, le serpent, le lion, le tigre, la panthère, l’ours et le yack.

Dans cette règle, il y a, selon les types d’aliments, quatre périodes autorisables (kālika)…

Remarque : cette règle correspond au sixième des dix préceptes.

Développement du pācittiya 37

pācittiya 38 (sannidhikāraka)

L’origine

Lorsque Bouddha demeurait au monastère de Jetavana, dans le royaume de Sāvatthi, le précepteur du Vénérable Ānandā, le Vénérable Belaṭṭhasīsa habitait dans le monastère de retraite situé tout près du monastère de Jetavana, dans lequel il s’absorbait dans le nirodha (cessation de tout agrégat et de toute conscience). Après avoir fait séché du riz dépourvu de sauce (sans viande, ni accompagnement) durant près de sept jours, il le rendait comestible en le ramollissant avec de l’eau pour ensuite le manger. Ensuite, il s’absorbait de nouveau dans le nirodha. Il avait pris l’habitude, durant de nombreuses semaines, de conserver ainsi du riz séché à l’aide de cette méthode pour le consommer.

D’autres bhikkhu lui ont demandé pour quelle raison il sortait si rarement faire sa ronde (pour aller recevoir sa nourriture). Lorsqu’il a répondu qu’il stockait du riz séché, certains bhikkhu se sont mis à le critiquer et ont rendu visite à Bouddha afin de lui transmettre cela. Le Parfait a alors aussitôt établi le pācittiya 38.

pācittiya 38 en pāḷi

« yo pana bhikkhu sannidhikāramaṃ khādanīyaṃ bojanīyaṃ vā khādeyya vā bhuñjeyya vā, pācittiaṃ. »

Définition

Ne pas stocker de nourriture après midi. Un bhikkhu qui consomme de la nourriture, ou une boisson, après l’avoir conservée au-delà du jour où elle a été offerte, commet le pācittiya 38 à chaque ingestion (de la nourriture peut être ré-offerte à un bhikkhu seulement si elle a été abandonnée la veille ou antérieurement). Toute nourriture devient « nourriture stockée » dès le lendemain de son offrande, à l’aube.

En aucun cas, une nourriture ne pourra être conservée après midi, ni même acceptée. Le bhikkhu qui ne respecte pas ce point commet un dukkaṭa. Si un laïc souhaite offrir de la nourriture après midi à un bhikkhu, il est convenable que ce dernier l’informe qu’il est tenu de ne pas accepter de nourriture après midi. Si le laïc n’est pas en mesure de revenir le lendemain matin ou un suivant, ou qu’aucun autre laïc ou sāmaṇera n’est présent, le bhikkhu peut à la rigueur lui proposer de laisser la nourriture sur place, sans qu’un bhikkhu ne la prenne en main. Il pourra ainsi se la faire offrir dès le lendemain.

Après avoir été offerte à un bhikkhu, de la nourriture abandonnée à des laïcs ou à des sāmaṇera, ne peut pas être récupérée ni stockée par un bhikkhu, à moins d’être ré-offerte. Dans ce cas, un bhikkhu ne pourra accepter une telle nourriture que si un laïc, ou un sāmaṇera, lui propose de lui-même, sans qu’il ait dû la demander, même s’il s’agit d’une personne qui l’aurait invité à lui demander.

À condition de n’avoir pas été conservée au-delà du passage de l’aube, de la nourriture déjà offerte à un ou plusieurs bhikkhu peut être de nouveau offerte et consommée un jour suivant. Une bonne habitude consiste à abandonner « mentalement » le reste de nourriture à l’issue du déjeuner, chaque jour (quelle que soit la quantité).

Lorsque le bol est mal nettoyé, il reste des traces, telles que de l’huile ou de la sauce. S’il est fêlé, des particules alimentaires peuvent se glisser dans les trous ou les fentes. En mangeant du riz qui s’imprègne – de ne serait-ce qu’une infime partie – d’huile infiltrée dans les craquelures de son bol lors d’un jour précédent, un bhikkhu commet le pācittiya 38. Pour cette raison, il faut toujours nettoyer proprement son bol (et tous les ustensiles à l’aide desquels on mange) afin qu’il ne subsiste aucun résidu alimentaire. Si un bhikkhu n’est pas en mesure de boucher les fêlures ou les fentes du bol dans lequel il mange, il doit l’abandonner.

pācittiya 39 (paṇītabhojana)

L’origine

Lorsque Bouddha demeurait au monastère de Jetavana, dans le royaume de Sāvatthi, après l’avoir sollicitée, un groupe de six bhikkhu a consommé des « aliments supérieurs », de la nourriture mélangée avec du beurre, de l’huile, etc. En apprenant cela, beaucoup de gens se sont mis à critiquer ces bhikkhu. D’autres bhikkhu ont rapporté ce fait à Bouddha, qui a déclaré : « Il ne faut pas demander de la nourriture, ni manger de la nourriture qui a été demandée. » Ainsi, il a établi le pācittiya 39.

Il a également ajouté cette précision : « Seuls, les bhikkhu gilāna (malades) sont autorisés à demander de la « nourriture supérieure ». »

pācittiya 39 en pāḷi

« yāni kho pana tāni paṇītabhojanāni, seyyathidaṃ, sappi navanītaṃ telaṃ madhu phāṇitaṃ maccho maṃsaṃ khīraṃ dadhi, yo pana bhikkhu evarūpāni paṇītabhojanāni agilāno atthāya viññāpetvā bhuñjeyya, pācittiaṃ. »

Définition

Ne pas demander pour soi-même des aliments supérieurs. De quelle manière que ce soit, mis à part pour réguler un problème de santé, si un bhikkhu demande pour lui-même, auprès de personnes qui ne sont pas de sa famille ou qui ne l’ont pas invité, l’un des neuf aliments supérieurs suivants (paṇītabhojana) ou un plat contenant l’un de ces aliments, il commet un pācittiya : beurre ; huile ; graisse ; miel ; mélasse ; poisson (tout être vivant dans l’eau) ; viande ; lait ; lait caillé.

Il n’est pas convenable qu’un bhikkhu manifeste ses préférences. S’il demande (ou fait demander) des aliments précis (même ceux qui sont en dehors des « aliments supérieurs »), il commet également le pācittiya 39.

pācittiya 40 (dantapona)

L’origine

Lorsque Bouddha demeurait dans la ville de Sāvatthi, il y avait un bhikkhu qui n’utilisait que des affaires usagées. Il avait récupéré un récipient dans un cimetière pour en faire un bol, ramassé de vieux bouts de tissus dans un cimetière pour en coudre une robe et pris de vieux lits et chaises dans un cimetière pour son usage. Aussi, il ne mangeait et ne buvait que la nourriture et les boissons qu’il récupérait lui-même après que les gens les aient abandonnées en offrande dans les cimetières, sous les arbres et dans les autels, en les destinant à leurs proches disparus. Les gens demandaient alors à ce bhikkhu en le critiquant fermement : « Pourquoi donc est-ce que vous vous servez et mangez de la nourriture que les gens entreposent à l’intention de leurs défunts ? Que vous êtes gros et gras ! C’est à croire que vous mangez de la viande humaine ! »

Ayant pris connaissance de ces faits par d’autres bhikkhu, Bouddha a déclaré : « Il ne faut pas manger de la nourriture qui n’a pas été acceptée correctement (remise en mains propres). » Ensuite, pris de doutes, certains bhikkhu se sont mis à penser : « S’il n’y a pas un laïc qui m’offre en bonne et due forme de l’eau ou une brosse à dents (bâton servant de brosse à dents), je ne pense pas qu’il soit correct que j’en utilise. » Pour cette raison, Bouddha a achevé d’établir le pācittiya 40 en ajoutant : « Il n’y a aucune contrainte à utiliser une brosse à dents (bâton trouvé dans la nature et effiloché) ou à boire de l’eau sans que cela n’est fait l’objet d’une offrande. »

pācittiya 40 en pāḷi

« yo pana bhikkhu adinnaṃ mukhadvāraṃ āhāraṃ āhareyya aññatra udakadanta ponā, pācittiaṃ. »

Définition

Ne pas manger de nourriture qui n’a pas été offerte et remise en mains propres. À l’exception de l’eau (sauf, s’il s’agit d’une bouteille mise en vente) et d’un bâton effiloché « brosse à dents » (dans certaines régions et à certaines époques, une espèce de bois était utilisée en guise de brosse à dents, en effilochant une extrémité), si un bhikkhu insère volontairement dans sa bouche une quelconque nourriture ou boisson, sans que cela n’ait été offert correctement à un ou plusieurs membres du saṃgha, de la part d’un laïc, d’un sāmaṇera, d’un animal ou d’un deva, cela entraîne un pācittiya.

Remarque : le dentifrice peut être inséré dans la bouche sans faire l’objet d’une offrande le jour-même, car il est à considérer comme un médicament.

Dans le pārājika 2, une chose appartenant à quelqu’un qui n’a pas été donnée par son propriétaire est appelée : « adinna ». Dans cette règle également, de la nourriture qui n’a pas encore été offerte par son propriétaire (ou par une personne qui est chargée de le faire) est appelée : « adinna ».

Pour offrir de la nourriture au saṃgha ou pour ré-offrir de la nourriture appartenant déjà au saṃgha, cinq conditions doivent impérativement être remplies pour que puisse avoir lieu une « offrande correcte »…

Les cinq conditions d’une offrande correcte

  1. l’objet offert doit être remis au bhikkhu face à face, en mains propres, et le donateur – s’il ne s’agit pas d’un bhikkhu – doit s’incliner légèrement
  2. le donateur offre uniquement à l’aide d’une ou des deux mains, le bhikkhu reçoit uniquement à l’aide d’une ou des deux mains, et les deux personnes sont séparées l’une de l’autre d’une distance proche de deux coudées et demie
  3. l’objet offert et le récipient qui le contient (bol, assiette, etc.) ou la chose sur laquelle il est posé (plateau, table, tabouret, etc.) et qui est destiné à être remis dans les mains du bhikkhu, peut être portée ou soulevée par un homme de corpulence moyenne
  4. l’offrande peut être effectuée selon l’une des trois façons suivantes :
    • le donateur est en contact physique avec l’offrande qu’il remet directement au bhikkhu ;
    • le donateur est en contact direct avec le contenant de l’offrande qu’il remet directement au bhikkhu : bol, plat, louche, plateau, table (ou le contenant du contenant de l’offrande, etc., le tout devant être porté – ou soulevé – complètement, en même temps, au moment du don) ;
    • le donateur verse ou lance l’offrande au bhikkhu
  5. l’offrande peut être acceptée selon l’une des deux façons suivantes :
    • le bhikkhu reçoit l’offrande par contact direct avec son corps (mains, bras, etc.) ;
    • le bhikkhu reçoit l’offrande à l’aide d’un ustensile qu’il porte (bol, assiette, plateau, etc.)

Une offrande peut être valide seulement si ces cinq conditions sont respectées.

Développement du pācittiya 40

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infos sur cette page

Origine : Textes en birman

Traducteur : Moine Dhamma Sāmi

Date : 2000

Mise à jour : 19 juin 2005