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Généralités sur la discipline à observer pour les moines.
Entre autres, comment les moines doivent obtenir leur affaires et leur nourriture, comment ils doivent recevoir ce qui est offert, ce qu’ils peuvent accepter, ce qu’ils peuvent manger, comment ils doivent manger, entrer dans le vassa, se raser, se chausser, arroser un arbre…
Le bhikkhu doit limiter ses besoins au minimum. Il se contente de ce qu’on lui donne sans ne jamais rien demander. Ainsi, il renonce à tout ce qui est superflu ; il évite tout ce qui est susceptible de procurer du plaisir, du confort ou de la distraction. Ses nécessités sont de quatre types : l'alimentation (nourriture, boissons, etc.) ; le logement (monastère, cabane, etc.) ; le vestimentaire (robes) ; et la médecine (médicaments, soins, produits d’hygiène, etc.)
En clair, tout ce qu’obtient le bhikkhu doit servir exclusivement à lui offrir les conditions nécessaires à sa pratique du dhamma. C’est uniquement dans cet état d’esprit que le bhikkhu doit utiliser – ou consommer – les choses dont il dispose. Lorsqu’il mange par exemple, c’est seulement pour se sustenter et non pour se régaler.
Durant la procédure d’intégration dans le saṃgha, il est dit au nouveau bhikkhu qu’il devra désormais aller faire une ronde quotidienne pour collecter sa nourriture, habiter sous un arbre, confectionner ses robes à partir de tissus abandonnés, et boire de l’urine de vache comme médicament. On lui dit aussi, que si, en revanche, des laïcs lui offrent d’autres nécessités, il est autorisé à les accepter (invitations à des repas, habitation, robes neuves, médicaments…)
Un bhikkhu ne doit jamais rien demander, à qui que ce soit. Si un dāyakā invite un bhikkhu à lui demander ce dont il a besoin, il pourra tout au plus lui faire part de ses besoins, mais il ne devra en aucun cas lui solliciter quoi que ce soit. Néanmoins, il est permis aux bhikkhu malades de demander ce dont ils ont besoin pour se soigner.
Si un bhikkhu est invité à un repas ou qu’on lui sert à manger dans son monastère, il peut l’accepter. Sinon, il doit prendre son bol et partir faire sa ronde (piṇḍapāta). Pour ce faire, il stoppe devant les maisons qui se trouvent sur son passage, sans y pénétrer (sauf s’il y est invité). Lorsqu’il stoppe devant une maison, il doit rester immobile, silencieux, en fixant son regard vers le bas, l’attention fixée sur son bol. Il ne doit rien faire d’autre qu’offrir l’opportunité aux laïcs de développer des actes méritoires par la nourriture qu’ils offrent. Quand quelqu’un a versé de la nourriture dans son bol ou qu’un certain temps s’est écoulé sans que personne ne s’approche, le bhikkhu continue son chemin vers une maison suivante. Il fait ainsi jusqu’à ce qu’il estime avoir obtenu suffisamment de nourriture.
Lors de la ronde, il y a six endroits où un bhikkhu ne doit pas prendre l’habitude d’aller chercher la nourriture, même s’il y est invité : maison de prostituée ; maison de veuve ; maison de femme célibataire âgée ; maison d’homosexuel ; monastère de bhikkhunī ; lieu de débit de boissons alcoolisées. Bien qu’il ne soit pas convenable d’aller fréquemment dans ces endroits lors de la ronde quotidienne, il est toutefois permis d’y passer occasionnellement. Aussi, il est convenable d’accepter la nourriture que les personnes provenant de ces endroits versent dans le bol en s’approchant du chemin (ou de la route), tout comme la nourriture qu’elles viennent apporter au monastère.
Il existe des périodes durant lesquelles certains types d’alimentations sont prohibés, ou ne peuvent être stockés. Voir le pācittiya 37 et le pācittiya 38. Aussi, la nourriture ne peut être acceptée que si certains facteurs sont respectés. Voir le pācittiya 40. Un bhikkhu ne doit jamais indiquer ses préférences en matière de nourriture. Il ne doit même pas laisser savoir s’il aime ou pas ce qu’il lui est servi. Si un dāyakā propose de choisir un plat ou un menu, il convient de lui répondre que les bhikkhu ne choisissent pas, qu’ils mangent ce qu’on leur donne.
Le bhikkhu ne doit pas faire le difficile : il se contente de ce qui « tombe dans son bol ». Néanmoins, il ne doit pas accepter la viande d’un animal qui a été abattu dans l’intention de l’offrir au saṃgha ou à lui-même. Il ne doit pas non plus accepter ni manger dix sortes de viande, dans le but de ne pas choquer les gens qui prêtent des qualités nobles, sacrées ou affectives à certains animaux ou simplement aux êtres humains : l’être humain, le chien, le cheval, l’éléphant, le léopard, le tigre, le lion, l’ours, l’hyène et le serpent.
Concernant l’acceptation ou la consommation de nourriture, il existe, selon des cas précis, certaines flexibilités : en cas de famine, les fruits nécessitant d’être rendus autorisés par un kappiya Voir le pācittiya 11, les aliments stockés, et les aliments cuisinés par soi-même sont autorisés ; en cas de problème de santé et en accord avec les besoins de son traitement médical, un bhikkhu peut demander un type particulier d’alimentation, ou prendre un repas à n’importe quel moment — de jour comme de nuit. Sous des conditions normales, un bhikkhu qui n’obtient pas de nourriture devra jeûner jusqu’au lendemain.
Il est important de tenir compte de l’état d’esprit avec lequel un produit est consommé ; si du sel ou du sucre est pris dans un but médical, il peut être conservé à vie pour le premier, et sept jours pour le second. Néanmoins, si ce même sel ou ce même sucre est pris dans le but de donner du goût, ils ne peuvent pas être consommés ni gardés au-delà du midi solaire, le jour même de leur acquisition.
Le pātimokkha compte de nombreuses règles concernant l’acceptation et la consommation de nourriture. Voir notamment les sekhiya 27 à 56.
Comme le reste du temps, pendant son repas, le bhikkhu se doit d’être attentif à ses moindres faits et gestes. De cette façon, il lui sera facile d’adopter les bonnes manières.
Les meilleures places devraient être réservées aux plus anciens. Tous les membres du saṃgha devraient manger en même temps. Ceux qui arrivent en avance devraient méditer en attendant les autres. Il ne faudrait pas manger avant l’arrivée de la majorité à une table. Chaque bhikkhu devrait faire l’effort d’arriver ponctuellement. La conduite à table devrait être basée sur l’équité et la juste mesure. Les plats ne devraient pas être gardés près de soi mais passés autour de la table pour permettre à tous un égal accès. Des quantités raisonnables de nourriture devraient être servies dans son bol (ou assiette) pour éviter de laisser des restes à la fin du repas. Chaque bhikkhu devrait éviter de sortir de la salle à manger avec de la nourriture. Prendre et mâcher chaque morceau de nourriture devrait être fait avec attention. Il convient de s’abstenir de toute conversation à table, de manger en silence et de ne pas faire de bruit avec des ustensiles. Chaque bhikkhu devrait manger proprement, utiliser une cuillère pour se servir et se laver les mains avant de manger, surtout s’il mange avec. Il faut éviter de cracher, de tousser ou de renifler. Si cela est inévitable, le bhikkhu est prié de le faire discrètement en se retournant ou en s’éloignant de la table. Un bhikkhu ne devrait pas emporter une tasse, une cuillère ou d’autres ustensiles sauf pour une bonne raison. Dans ce cas, il devrait les rapporter aussitôt que possible.
Bien que non obligatoire, il est très important de prendre l’habitude d’aller collecter sa nourriture au village (ou en ville) à l’aide de son bol. Cette ronde quotidienne est fondamentale pour le rapprochement et la corrélation entre le monde laïc et celui des bhikkhu.
Pour la nourriture, voir le pācittiya 40.
Pour le reste, s’il s’agit d’un objet qui peut être porté (savon, robe, etc.), les mêmes facteurs que pour la nourriture, ainsi que les conditions qui s’en suivent, doivent être respectés (en remplaçant les ustensiles de cuisine par les ustensiles appropriés). Si, en revanche, il s’agit d’un objet qui ne peut être porté (monastère, arbre, etc.), il suffit que le donateur fasse comprendre sans ambiguïté l’objet et le destinataire de sa donation, pour que celle-ci puisse être acceptée. Il est plus indiqué que les gros dons soient adressés au saṃgha plutôt qu’à un seul individu.
Remarque : un bhikkhu est autorisé à récupérer des tissus abandonnés – pour se confectionner une robe – sans se les faire offrir.
Le bhikkhu qui utilise un objet qu’il a incorrectement obtenu, commet une dukkaṭa. Cet objet ne doit pas non plus être utilisé par un autre bhikkhu, sinon il commet également une dukkaṭa.
Qu’il s’agisse de nourriture ou pas, un bhikkhu peut abandonner ce qu’il lui est offert. Un objet abandonné ne peut plus être utilisé – même par un autre bhikkhu –, à moins d’être ré-offert. Attention : une nourriture non abandonnée ne peut plus être ré-offerte un autre jour. Pour abandonner une affaire, deux facteurs sont nécessaires :
Dès que ces deux facteurs sont remplis (dans n’importe quel ordre), l’objet est considéré comme abandonné.
Un dāyakā est un bienfaiteur qui soutient matériellement les bhikkhu. Pour ce faire, il fournit, dans la mesure de ses possibilités, les besoins d’un ou plusieurs bhikkhu. Un bhikkhu ne peut faire part de ses besoins à un dāyakā seulement si ce dernier l’a explicitement invité à le faire. Un dāyakā peut aussi bien offrir de la nourriture, des robes, du savon, un logement ou des livres.
Un kappiya est une personne qui se propose d’aider les bhikkhu en effectuant diverses tâches, notamment ce que le vinaya n’autorise pas à faire (ouvrir un fruit à graines ou noyau, ré-offrir de la nourriture abandonnée la veille, effectuer des paiements, etc.)
Étant donné qu’un bhikkhu ne peut pas recevoir ni gérer d’argent, si quelqu’un souhaite lui offrir une chose qu’il n’a pas le temps d’acheter, il peut remettre l’argent – nécessaire à l’achat de cette chose – à un kappiya (provisoire ou non). Le kappiya gère cet argent le temps de payer ce qu’il était prévu pour le (ou les) besoin(s) du bhikkhu. Exemples : robe, titres de transport durant un voyage, consultation médicale. Ensuite, le surplus d’argent doit être rendu au donateur. Lorsque le bhikkhu a été informé par le kappiya que de l’argent lui a été remis pour l’achat d’une chose, il peut simplement lui dire qu’il a besoin de la chose en question. En aucun cas, il ne doit lui demander : « Achetez-moi ceci, achetez-moi cela ! »
Un kappiya ne peut pas être un bhikkhu, une bhikkhunī, un sāmaṇera ou une sāmaṇerī, car ces personnes sont tenues de ne pas utiliser d’argent. Un bhikkhu ne doit pas accepter quelque chose qui a été acheté par un bhikkhu, une bhikkhunī, un sāmaṇera ou une sāmaṇerī.
Chaque année, les bhikkhu sont tenus de demeurer durant trois mois dans un même lieu ; depuis la pleine lune de juillet (parfois août) jusqu’à celle d’octobre (parfois novembre). Dans l’Asie du sud, cette période correspond à la saison des pluies, qui se traduit en pali par le mot vassa. Durant ce vassa, un bhikkhu ne peut passer la nuit dans un autre endroit que s’il a une bonne raison (enseignement du dhamma, visite chez un parent malade, etc.) et tout au plus six nuits de suite. À l’issue de cela, il lui suffit de passer au moins une nuit dans le monastère où il a entamé son vassa pour s’absenter de nouveau quelques nuits. Aussitôt qu’un bhikkhu pénètre dans l’enceinte du vihāra dans lequel il effectue son vassa, alors qu’il a passé la nuit précédente ailleurs, il est obligé d’y passer la nuit suivante.
Il existe des cas où les bhikkhu ne sont pas en faute lorsqu’ils changent de lieu de résidence pendant le vassa. Il s’agit des situations extrêmes, où les bhikkhu n’ont plus l’opportunité de se procurer leurs besoins vitaux : le village proche a été déserté (brûlé, inondé, attaqué, empoisonné) ; des animaux dangereux menacent ou attaquent le monastère ; le monastère est détruit ; l’accès au village est rendu impossible ; etc.
Le bhikkhu qui, pour une raison quelconque, ne peut observer le vassa à partir de la pleine lune de juillet (ou début août), a la possibilité de faire son entrée dans le « second vassa », c’est-à-dire depuis la pleine lune suivante (août ou début septembre). Il devra donc terminer son vassa un mois après les autres, et ne sera pas en faute. En revanche, il ne pourra pas bénéficier des « privilèges du kathina ».
Le jour de l’entrée du vassa, chaque bhikkhu prononce une petite formule indiquant qu’il va passer le vassa dans le vihāra où il se trouve. Cela implique donc que ce dernier a choisi l’endroit où il va demeurer tout au long des trois mois du vassa. Pour ce faire, il dira en pali (trois fois consécutives) :
« imasmiṃ vihāre imaṃ temāsaṃ vassaṃ upemi »
« Je demeurerai dans ce vihāra (monastère) durant les trois mois du vassa (saison des pluies). »
Le dernier jour du vassa, chaque bhikkhu prononce une formule, en pali (trois fois consécutives), qui est une invitation envers tous les membres du saṃgha à faire remarquer les fautes qu’il aurait commises :
« saṃghaṃ bhante pavāremi, diṭṭhena vā sutena vā parisaṅkāya vā, vadantu maṃ āyasmanto anukampaṃ upādāya, passanto paṭikarissāmi.
dutiyampi… tatiyampi… »
« Vénérables, si vous avez vu, entendu ou suspecté quelles fautes que ce soit en moi, je vous invite à me faire les reproches qui s’imposent.
Pour la seconde fois… Pour la troisième fois… »
La période qui débute le jour de la pleine lune mettant fin au vassa, jusqu’à la pleine lune suivante est appelée le kathina.
Les privilèges du kathina, qui sont au nombre de cinq, se traduisent par des flexibilités du vinaya. Ils sont valides durant tout le mois du kathina. Le bhikkhu qui a observé son vassa sans le briser peut en bénéficier :
Le kathina donne lieu à une grande cérémonie lors de laquelle, les bhikkhu du monastère se retrouvent dans la sīmā pour procéder à la remise de la « robe du kathina ». Pendant ce temps, aucun laïc – ni aucun sāmaṇera – n’est accepté dans la sīmā. Après concertation, le saṃgha remet la fameuse robe du kathina au bhikkhu qui aura fait preuve de la plus remarquable conduite, et qui, a fortiori, n’aura pas brisé l’observance du vassa. Cette robe aura été, selon la tradition, cousue durant la nuit par les villageois, avant d’être offerte au saṃgha pour l’occasion. Le bhikkhu à qui elle est remise peut la conserver en plus de sa robe, durant tout le mois du kathina. Néanmoins, il devra la partager avec les autres bhikkhu bénéficiant des privilèges du kathina.
Les bhikkhu sont tenus de se raser les cheveux et la barbe. Les autres régions pileuses ne doivent pas être rasées. La longueur maximale autorisée pour les cheveux et pour la barbe est de deux doigts.
En dehors de l’enceinte du monastère, les bhikkhu ne sont pas autorisés à porter des sandales (ou chaussures). En acceptant une offrande, un bhikkhu ne devrait jamais être chaussé. Les pieds chaussés sont signe de richesse et de confort, auxquels les bhikkhu sont censés renoncer. De plus, cela les oblige à avoir constamment le regard dirigé vers le bas, leur permettant alors de demeurer constamment attentif, tout en évitant les distractions alentour.
En dehors de l’enceinte du monastère, les bhikkhu ne sont pas autorisés à porter une ombrelle. En cas de pluie, les parapluies sont tolérés.
Bouddha a rigoureusement défendu aux bhikkhu l’usage de l’astrologie, de la numérologie, de la lecture des lignes de la main, des amulettes, etc.
Un bhikkhu ne doit pas arroser lui-même un arbre (ou une plante) qui produit des fleurs d’ornement ou des fruits comestibles. Il ne doit même pas y faire sa toilette ou s’y doucher tout prêt, dans l’espoir que cela puisse l’arroser. Néanmoins, il peut arroser un arbre qui donne de l’ombre ou qui sert de clôture.
Il n’est pas convenable qu’un bhikkhu transmette un message pour une personne autre qu’un bhikkhu, un sāmaṇera, quelqu’un qui offre de la nourriture au saṃgha, sa mère, son père et des personnes qui font diverses tâches pour le saṃgha (balayage, vaisselle, etc.)
Si un bhikkhu a besoin de se procurer quelque chose et qu’il n’a pas de dāyakā à proximité, il est autorisé à faire une ronde l’après-midi, en stoppant, en silence, devant les maisons (comme pour la collecte de nourriture du matin). Il peut faire connaître ses besoins seulement si quelqu’un le lui demande, sinon, il continue son chemin en allant devant une autre maison.
Un bhikkhu doit éviter toute forme de distraction et toute action ou parole futile. Il doit soigner son langage, évitant les grossièretés. En s’adressant à quelqu’un, il doit être poli et mesuré dans chacune de ses paroles. Il doit être vigilant à garder toujours une distance convenable avec les laïcs, il ne devrait pas leur serrer la main, ni les tutoyer. Lorsqu’un bhikkhu se rend aux toilettes, il est tenu d’être propre et silencieux. Quoi qu’il fasse, sa conduite doit être irréprochable.
Origine : Texte rédigé pour le site et pour un ouvrage
Auteur : Moine Dhamma Sāmi
Date : 2000
Mise à jour : 18 juin 2005