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MN 1 - mūlapariyāya sutta

Le récit de la raison fondamentale

Plusieurs brahmanes versés dans les Védas avaient écouté l’enseignement de Maître Gotama, compris les inconvénients des plaisirs sensoriels, vu les avantages du renoncement et reçu l’ordination en présence du Bienheureux. Une fois devenus moines, ils avaient promptement appris les paroles du maître. Mais celles-ci ne se référaient en rien aux enseignements brahmaniques qui leur étaient familiers, ils crurent le Bienheureux ignorant, s’estimèrent plus savants que lui et ne vinrent plus l’écouter. Voyant que ces moines d’origine brahmane ne pourraient se défaire tout seuls de cette fausse appréciation, le Bienheureux convoqua tous les moines indistinctement et leur tint des propos assez déroutants pour que les moines rétifs comprennent combien il leur restait à découvrir.

Ainsi ai-je entendu.

En ce temps-là le Bienheureux séjournait dans le bois Subhaga, près d’Ukkatthāya, à proximité du plus majestueux des arbres-sals.

Et voici que le Bienheureux s’adressa aux moines :

— Moines !

— Oui, Maître, répondirent les moines.

Le Bienheureux leur annonça :

— Je vais vous enseigner, moines, la raison fondamentale de toutes choses. Écoutez et soyez bien attentifs, je vais parler.

— Bien, Maître, lui répondirent les moines.

Et le Bienheureux leur dit ceci :

— Voici, moines, un être ordinaire, ignorant, qui ne peut voir les Purs, qui ne peut connaître la réalité pure et qui n’est pas éduqué à la réalité pure, qui ne peut voir les Grands Hommes, qui ne peut connaître la réalité des Grands Hommes et qui n’est pas éduqué à la réalité des Grands Hommes.

La terre, il la perçoit bien comme de la terre, mais ayant perçu la terre comme de la terre, il pense « terre », il pense « dans la terre », il pense « issu de la terre », il pense « ma terre » et il est enchanté de la terre. Pour quelle raison ? Parce qu’il ne la connaît pas pleinement, je l’affirme.

L’eau, il la perçoit bien comme de l’eau, mais… (les points de suspension indiquent que la formule se répète, remplaçant simplement l’expression adéquate)

Le feu, il le perçoit bien comme du feu, mais…

Le vent, il le perçoit bien comme du vent, mais…

Les êtres, il les perçoit bien comme des êtres, mais ayant perçu les êtres comme des êtres, il pense « êtres », il pense « chez les êtres », il pense « issu des êtres », il pense « mes êtres » et il est enchanté des êtres. Pour quelle raison ? Parce qu’il ne les connaît pas pleinement, je l’affirme.

Les brahmā, il les perçoit bien comme des brahmā, mais…

Le Maître des êtres, il le perçoit bien comme Maître des êtres, mais…

L’Épanoui, il le perçoit bien comme Épanoui, mais…

Les Radieux, il les perçoit bien comme des Radieux, mais…

Les Splendides, il les perçoit bien comme des Splendides, mais…

Les Gratifiés, il les perçoit bien comme des Gratifiés, mais…

Le Dominateur, il le perçoit bien comme Dominateur, mais…

(Au-delà du Dominateur se trouvent les quatre domaines non physiques)

Le domaine de l’espace infini, il le perçoit bien comme domaine de l’espace infini, mais l’ayant perçu comme domaine de l’espace infini, il pense « domaine de l’espace infini », il pense « dans le domaine de l’espace infini », il pense « issu du domaine de l’espace infini », il pense « mon domaine de l’espace infini » et il est enchanté du domaine de l’espace infini. Pour quelle raison ? Parce qu’il ne le connaît pas pleinement, je l’affirme.

Le domaine de la conscience infinie, il le perçoit bien comme domaine de la conscience infinie, mais…

Le domaine du néant, il le perçoit bien comme domaine du néant, mais…

Le domaine sans perception ni absence de perception, il le perçoit bien comme domaine sans perception ni absence de perception, mais…

Ce qu’il voit, il le perçoit bien comme vu(*), mais l’ayant perçu comme vu, il pense « le vu », il pense « dans le vu », il pense « issu du vu », il pense « vu par moi » et il est enchanté de ce qu’il voit. Pour quelle raison ? Parce qu’il ne le connaît pas pleinement, je l’affirme.

On aborde maintenant les « portes » à travers lesquelles les êtres perçoivent le monde.

Le vu est perçu par l’œil de chair ou par l’œil divin (Visud XIII 73).

Il pense « le vu » : il y a pensée de désir quand il voit la beauté des objets visibles, quand il s’en délecte et s’y attache, et quand il accomplit des actions bénéfiques pour être beau dans une vie future. Il y a comparaison quand il compare sa beauté à celle des autres et qu’il estime son apparence égale, inférieure ou supérieure à la leur. Il y a croyance quand il croit que les objets qu’il voit sont durables et éternels, qu’ils sont « lui » ou « siens », de bon ou de mauvais augure.

Il pense « dans le vu » : il croit être dans son corps visible ; ou il croit que les passions se trouvent dans les objets vus, tel le lait dans le sein. Ces croyances peuvent s’accompagner de désir ou de comparaison.

Les sons sont entendus par l’oreille de chair ou par l’oreille divine (Visud XIII 2). Le senti regroupe les odeurs, les saveurs et les touchers. Le connu est tout ce qui est connu mentalement sans passer par les sens physiques.

Ce qu’il entend, il le perçoit bien comme entendu, mais…

Ce qu’il sent, il le perçoit bien comme senti, mais…

Ce qu’il connaît, il le perçoit bien comme connu, mais…

L’unité, il la perçoit bien comme unité(*), mais l’ayant perçue comme unité, il pense « unité », il pense « dans l’unité », il pense « issu de l’unité », il pense « mon unité » et il est enchanté de l’unité. Pour quelle raison ? Parce qu’il ne la connaît pas pleinement, je l’affirme.

L’unité désigne l’absorption contemplative, et la multiplicité l’absence d’absorption. La totalité englobe l’unité et la multiplicité.

Il pense « totalité » : il est heureux de tout, ou il adhère à l’une des croyances suivantes : tout est auto-produit, tout est créé par le kamma antérieur, tout est engendré par un Créateur, tout advient sans causes ni conditions, tout existe, rien n’existe.

Il pense « dans la totalité » : il s’imagine comme un grand Moi vivant dans le grand Tout que constitue le monde.

La multiplicité, il la perçoit bien comme multiplicité, mais…

La totalité, il la perçoit bien comme totalité, mais…

Mais, moines, un moine qui s’exerce(*) sans avoir encore atteint l’accomplissement (arahatta), mais en aspirant à cette ultime félicité, connaît directement la terre comme terre, et ayant connu directement la terre comme terre, il ne pense pas « terre », il ne pense pas « dans la terre », il ne pense pas « issu de la terre », il ne pense pas « ma terre » et il n’est pas enchanté de la terre. Pour quelle raison ? Parce qu’il la connaît pleinement, je l’affirme.

Ce moine s’exerce à la vertu supérieure, à la concentration supérieure, à la sagacité (pañña) supérieure et il est doué de la vision juste correspondante. Autrement dit, il a atteint l’un des trois premiers chemins de purification mais non le quatrième.

Il connaît directement, abhijānāti : le commentaire reste laconique sur ce terme, pourtant essentiel, et dit seulement qu’il s’agit d’une forme de connaissance supérieure. Selon le Visuddhimagga (III 15) cette connaissance apparaît avec la concentration de proximité et mène à l’absorption contemplative, mondaine dans le cas des jhāna et des pouvoirs miraculeux, supra-mondaine pour les chemins de purification. C’est ce dernier cas qu’il faut retenir ici.

Il connaît directement l’eau… le feu… le vent… les êtres… les brahmā… le Maître des êtres… l’Épanoui… les Radieux… les Splendides… les Gratifiés… le Dominateur… le domaine de l’espace infini… le domaine de la conscience infinie… le domaine du néant… le domaine sans perception ni absence de perception… le vu… l’entendu… le senti… le connu… l’unité… la multiplicité… la totalité… le dénouement comme dénouement, et ayant connu directement le dénouement comme dénouement, il ne pense pas « dénouement », il ne pense pas « dans le dénouement », il ne pense pas « issu du dénouement », il ne pense pas « mon dénouement » et il n’est pas enchanté du dénouement. Pour quelle raison ? Parce qu’il le connaît pleinement, je l’affirme.

Et, moines, le moine accompli(*), qui a mis fin aux contaminations, franchi toutes les étapes, accompli sa tâche, déposé son fardeau, atteint son but, brisé les chaînes de l’existence, et qui s’est libéré grâce à la parfaite connaissance, connaît directement la terre comme terre… le dénouement comme dénouement, et… il n’est pas enchanté du dénouement. Pour quelle raison ? Parce qu’il le connaît pleinement, je l’affirme.

Accompli, arahant (Visud VII 4), en ce qu’il a atteint le quatrième et ultime chemin de purification. Les expressions qui suivent sont toutes synonymes de plein accomplissement.

Contamination : par les désirs sensoriels, par l’existence, par les croyances ou par l’aveuglement (avijjā).

Et, moines, le moine accompli, qui a mis fin aux contaminations, franchi toutes les étapes, accompli sa tâche, déposé son fardeau, atteint son but, brisé les chaînes de l’existence, et qui s’est libéré grâce à la parfaite connaissance, connaît directement la terre comme terre… le dénouement comme dénouement, et… il n’est pas enchanté du dénouement. Pour quelle raison ? Parce que la destruction de l’attachement l’a libéré de toute forme d’attachement(*).

Une autre personne peut être temporairement dépourvue d’attachement, d’aversion et d’illusion, mais cela ne résulte pas de l’élimination des contaminations. Ici au contraire, l’Accompli est dépourvu de toute forme d’attachement, d’aversion ou d’illusion parce qu’il les a détruits. Cette formulation qui ne fait plus appel à la pleine connaissance mais à la destruction des impuretés caractérise le « fruit » (Visud XXII 70).

Et, moines, le moine accompli, qui a mis fin aux contaminations, franchi toutes les étapes, accompli sa tâche, posé son fardeau, atteint son but, brisé les chaînes de l’existence, et qui s’est libéré grâce à la parfaite connaissance, connaît directement la terre comme terre… le dénouement comme dénouement, et… il n’est pas enchanté du dénouement. Pour quelle raison ? Parce que la destruction de l’aversion l’a libéré de toute forme d’aversion.

Et, moines, le moine accompli, qui a mis fin aux contaminations, franchi toutes les étapes, accompli sa tâche, posé son fardeau, atteint son but, brisé les chaînes de l’existence, et qui s’est libéré grâce à la parfaite connaissance, connaît directement la terre comme terre… le dénouement comme dénouement, et… il n’est pas enchanté du dénouement. Pour quelle raison ? Parce que la destruction des illusions l’a libéré de toute forme d’illusion.

Et, moines, le Tathāgata accompli et parfait Bouddha connaît directement, lui aussi, la terre comme terre… et le dénouement comme dénouement, et… il n’est pas enchanté du dénouement. Pour quelle raison ? Parce qu’il le connaît pleinement, je l’affirme.

Et, moines, le Tathāgata accompli et parfait Bouddha connaît directement, lui aussi, la terre comme terre… et le dénouement comme dénouement, et… il n’est pas enchanté du dénouement. Pour quelle raison ? Parce qu’il sait que le désir est la cause fondamentale du malheur, que la naissance résulte de l’existence et que l’être vieillit et meurt(*). Par conséquent, moines, le Tathāgata a totalement détruit le désir, il s’en est détaché, l’a stoppé, y a renoncé, s’en est défait et il a pleinement réalisé la parfaite réalisation ultime, je l’affirme.

Cette triple formule résume le paticcasamuppāda, (Visud XVII). Le plaisir, nandī, est ici synonyme de désir, taṇhā (litt. soif) et relève de l’existence passée. Le malheur, dukkha (caractérisé par la succession incessante des instants), et l’existence désignent l’existence présente. La naissance, le vieillissement et la mort se rapportent à l’existence future. C’est par cette voie que le Bienheureux avait atteint son but. Ne serait-ce pas là le sens de Tathā-gata, Ainsi-allé ?

Selon le commentaire, les termes « détaché », « stoppé », « renoncé » et « défait » caractérisent respectivement les quatre chemins de purification.

Ainsi parla le Bienheureux.

Les moines furent satisfaits des paroles du Bienheureux et ils s’en réjouirent(*).

Le Commentaire dit le contraire : les moines ne furent pas satisfaits des paroles du Bienheureux et ils ne s’en réjouirent pas. Ils se dirent : « Les êtres ordinaires perçoivent la terre comme terre alors que les moines qui s’exercent, les Accomplis et le Tathāgata la connaissent directement. Que signifie cela ? Nous ne le comprenons pas alors que nous avons jusqu’à présent facilement appris et compris tout ce que nous disait le Bienheureux. » Leur sentiment de supériorité s’effaça, ils retrouvèrent le respect dû au Bienheureux et recommencèrent à venir le consulter.

Plus tard le Bienheureux expliqua à d’autres moines qu’il avait déjà dû dans le passé rabaisser l’orgueil de ces moines d’origine brahmane, et il leur narra le Mūlapariyāyajātaka, où il est question d’un éminent brahmane qui transmet tout son savoir à ses disciples, et ceux-ci finissent par se croire ses égaux, mais le gourou leur soumet deux énigmes qu’ils ne peuvent résoudre, ce qui les remet à leur juste place.

L’histoire ne s’arrête pas là. Par la suite le Bienheureux se rendit à Vésali. Là, il vit que ces moines avaient mûri et il leur dit le Gotamaka sutta (AN I 276) qui s’achève cette fois-ci à juste titre sur l’affirmation que les moines furent satisfaits des paroles du Bienheureux et qu’ils s’en réjouirent.

Notes

(1) Celui qui n’a atteint aucun « noble chemin » (ariyā magga) même s’il a une spiritualité élevée ou des pouvoirs magiques, est appelé être ordinaire, puthujjana. Dans le cas contraire c’est un Être Noble (ariyā), un Grand Homme (sappurisa). On ne reconnaît pas un ariyā grâce à l’œil de chair, mais seulement avec l’œil divin – l’œil de chair ne voit que l’apparence physique –, et on ne voit la Réalité pure, c’est-à-dire les 37 auxiliaires de la réalisation, bodhipakkhiya (Visud XXII 33), qu’avec l’œil de la connaissance.

On raconte à ce propos qu’un sāmaṇera portait la robe et le bol d’un moine confirmé de Cittalapabbata qui avait « mis fin aux contaminations », il demanda à ce dernier : « À quoi ressemblent les ariyā, Vénérable ? » Le confirmé lui répondit : « Il arrive qu’on porte le bol et la robe des ariyā, qu’on remplisse pour eux toutes les tâches et qu’on les accompagne partout sans comprendre qu’ils sont ariyā ; il est difficile de reconnaître les ariyā, mon ami. » Mais le jeune assistant ne saisit pas l’indication donnée par cet ariyā.

L’entraînement citée dans ce paragraphe consiste en cinq formes de contrôle (Visud I 18) et en diverses façons d’éliminer les impuretés (Visud XXII 110).

(2) À l’époque du récit, la terre symbolisait la dureté et la solidité, l’eau représentait la fluidité et la cohésion, le feu la chaleur, et le vent le mouvement. Ces quatre éléments donnaient une explication du monde que nous décrivons aujourd’hui comme de la matière.

Dans le corps, la terre représente les organes solides tels que les os, les dents, les ongles, la peau, le cœur, etc. L’eau englobe tous les liquides, sang, bile, larmes, etc. Le feu est la chaleur du corps, et le vent les mouvements vers le haut, vers le bas, la respiration, etc. Mais pour le contemplatif, la terre, le feu, l’eau et le vent sont perçus directement en tant qu’éléments du toucher.

Dans la nature, tout ce qui est dur (pierres, minerais, terre sèche) est appelé terre ; les liquides (eau, sève…) sont l’eau. Le feu est le feu sous toutes ses formes ainsi que la chaleur du soleil, et le vent recouvre tout ce qui est mouvement.

— Il pense « terre » : il pense en désirant, en comparant, ou selon une croyance ; en désirant, quand il veut une plus belle peau, de plus belles dents, de plus beaux cheveux, ou quand il se réjouit de ceux qu’il a maintenant ; en comparant, quand il les compare à ceux d’un autre et qu’il les trouve plus beaux, moins beaux ou aussi beaux ; selon une croyance, quand il croit que ces organes sont des entités autonomes, qu’ils forment un être animé, ou quand il pense « je suis ceci », « ceci est mon moi ».

— Il pense « dans la terre » : il s’identifie à quelque chose qu’il situe dans une partie solide du corps. Cette croyance peut aussi s’accompagner d’un désir ou d’une comparaison.

— Il pense « issu de la terre » : il s’identifie à quelque chose qu’il croit issu de la terre à la façon de l’odeur qui émane d’une fleur.

— Il pense « ma terre » : il se croit le possesseur des organes solides de son corps, ou d’objets solides en pierre, en métal ou autre.

— Il est enchanté de la terre : il en est très heureux et il ne peut plus échapper aux désirs, aux comparaisons et aux croyances qui viennent d’être citées.

— Il ne la connaît pas pleinement : la pleine connaissance, pariññā, englobe et dépasse la simple perception, saññā. Elle discerne les caractéristiques propres de l’objet (Visud XX 3), puis en observe le caractère temporaire, donc insatisfaisant et dépourvu d’entité autonome, ensuite elle détruit la perception superficielle que l’objet serait permanent, agréable sukha, qu’il serait une entité autonome ou appartiendrait à une entité autonome, et elle mène finalement au chemin pur, ariyā magga, dont on ressort en tant qu’ariyā.

(3) La terre, l’eau, le feu et le vent constituent, avec les aspects physiques dérivés (Visud XIV 36), l’ensemble des aspects physiques, rūpakkhandha, et en particulier la partie physique des êtres vivants. L’exposé passe maintenant des quatre éléments à tous les êtres, hiérarchisés du bas vers le haut selon la cosmologie de l’époque (n’oublions pas que le Bienheureux s’adresse à des moines de culture brahmane). Ici, les êtres, bhuta, désignent les habitants des enfers, les trépassés, les animaux et les hommes.

— Il pense « êtres » : il pense en désirant, en comparant ou selon une croyance. Pensée de désir quand il envie la beauté et le bonheur des êtres qu’ils voient beaux et heureux, ou bien quand il désire renaître dans les mêmes états. Comparaison quand il s’estime supérieur, inférieur ou égal à eux. Croyance quand il croit que les êtres sont permanents, qu’ils possèdent une nature immuable ou qu’ils vivent heureux ou malheureux dans de multiples formes d’existence.

— Il pense « chez les êtres » : il désire les bonheurs et les succès qu’il remarque chez les êtres, et il cultive, pour les obtenir, la générosité, sīla et les autres vertus qu’il croit nécessaires. Il estime les qualités présentes chez ces êtres supérieurs, inférieurs ou égales aux siennes. Il croit que certains êtres sont éternels et d’autres temporaires, ou qu’il fait lui-même partie de ces êtres.

— Il pense « issu des êtres » quand il croit que les créatures sont produites par des êtres créateurs.

— Il pense « mes êtres » : il pense « mon fils », « ma fille », « mes animaux », etc.

— Les deva sont ceux de la sphère sensorielle. Énumérés de bas en haut, les quatre grands rois, les deva Trente-Trois, les Yāmas, les deva du paradis Tusita, les deva qui aiment créer et ceux qui ont pouvoir sur les créations des autres. Le Maître des êtres, Pajāpati, n’est autre que Māra qui règne en maître, toujours entouré de sa cour, sur les deva qui ont pouvoir sur les créations des autres. L’être ordinaire souhaite bénéficier de la longue vie de Māra, de sa beauté, de son bonheur, et renaître dans cet état. S’il atteint ce but, il s’estime supérieur à tous les êtres. Il croit enfin que Māra est éternel, ou mortel. Tels sont dans ce cas les pensées accompagnées de désir, de comparaison et de croyance.

— L’Épanoui est un nom de Brahmā, il demeure au premier niveau de la sphère physique subtile associée au premier jhāna. Les Radieux se situent au deuxième niveau, les Splendides au troisième, les Gratifiés au quatrième, le Dominateur aussi, mais dans le domaine de l’inconscience, où il n’y a plus d’éléments psychiques, mais seulement du physique.

infos sur cette page

Origine : Enseignements et discussions entre Bouddha, ses disciples, ses antagonistes… (Nord de l’Inde actuelle)

Date : Ve siècle avant notre ère

Traducteur : Christian Maës

Mise à jour : 25 févr. 2011