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De A à Z (n-z)

toute la démarche pour mener à bien une retraite vipassanā

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N

nibbāna

Lorsque nous avons développé la vipassanā jusqu’à pleine maturité, il suffit d’un seul instant de concentration (khaṇika samādhi), assez profond, pour expérimenter une cessation des phénomènes physiques et mentaux. Aussitôt que les facteurs nécessaires sont réunis, (les facteurs d’éveil) cela peut arriver à tout moment, quelle que soit notre posture. Voilà entre autres pourquoi aucun instant ne doit être négligé. Les yogī qui ne mettent l’accent que pendant l’assise et la marche ne feront que stagner.

Au moment de la cessation des phénomènes physiques et mentaux, la conscience – qui ne peut faire autrement que de s’accrocher aux objets qui lui font face – prend pour objet la seule chose qui se présente alors à elle : nibbāna. Très particulière, cette réalité est vide de toute sensation, de toute perception, de toute matière et de toute conscience. Elle n’est pas soumise aux trois caractéristiques (anicca, dukkha et anatta). Selon la profondeur avec laquelle nous « voyons » nibbāna, il existe quatre manières de l’expérimenter. C’est pourquoi il y a quatre stades de réalisation maggaphala. À chacun d’entre eux, des impuretés mentales sont éradiquées à tout jamais. Au dernier stade (arahant), il n’en subsiste plus une seule, tel est le plein accomplissement de la pratique du dhamma.

Seule, l’observation des phénomènes physiques et mentaux permet d’y parvenir…

O

Observation

L’entraînement au développement de vipassanā est fait d’observation, du début jusqu’à la fin. Il n’y a finalement rien d’autre à faire : observer, observer et observer. Nous observons tout ce qui apparaît à notre conscience, instant après instant. Nous ne cherchons pas à observer plusieurs phénomènes en même temps, car dans ce cas, rien n’est pris en compte. Il convient d’observer tranquillement chaque phénomène, l’un après l’autre.

La plupart du temps, plusieurs sensations apparaissent en même temps. Que faut-il donc observer ? Nous observons seulement l’objet le plus distinct, sans nous préoccuper des autres. Nous éviterons toutefois d’observer les visions, car elles sont trop subtiles à observer en tant que telles et ainsi très propices à la distraction. Nous allons donc concentrer notre observation sur les mouvements, les sensations tactiles (contacts physiques, douleurs, démangeaisons, chaleur…), les sensations auditives, les sensations olfactives, les sensations gustatives et les sensations mentales (les pensées, les réflexions, les projets, les idées, les désirs, les sentiments…)

Nous ne devons surtout pas chercher à faire autre chose qu’observer toutes ces perceptions, car c’est précisément pendant le temps passé à faire autre chose ou à réfléchir que l’on ne progresse plus. Nous ne devons pas nous demander : « Est-ce que je m’y prends bien comme ça ? Et là, est-ce correct ? » Il ne faut rien chercher, il ne faut rien forcer, il ne faut rien chasser ni rien empêcher. Nous faisons seulement avec ce qu’il y a, et – aucun souci à avoir de ce côté-là – il y a toujours quelque chose !

Quand un moine reçoit de la nourriture dans son bol, une fois rentré dans son monastère, comment va-t-il s’y prendre pour manger son repas ? Va-t-il chercher ou attendre les aliments qu’on ne lui a pas donnés ? Va-t-il jeter ceux qui ont été offerts dans son bol ? Va-t-il réfléchir longuement à la manière de les manger, de les mélanger, de les réchauffer, de les préparer, de les découper ? Va-t-il étudier la nature de ces aliments à l’aide d’encyclopédies ? Va-t-il calculer leurs contenances en protéines ? Une chose est certaine : tant qu’il fera ainsi, il ne connaîtra pas le goût d’un seul de ces aliments. Pour les manger, ce moine ne fera sûrement pas autre chose que les mettre dans sa bouche et les manger ; il mangera sans se poser de questions, sans réfléchir à la manière de les ingérer. Il va manger ce qui lui a été versé dans son bol, ni plus ni moins.

Pour développer la connaissance de la réalité, la procédure est la même : nous nous contentons de l’observer, tel qu’elle nous est « donnée », au moment où cela se passe, sans nous poser de questions, avec vigilance, attention et persévérance. Cela est en fait d’une simplicité déconcertante. Nous portons simplement notre attention sur les sensations, sans forcer quoique ce soit. Nous en demeurons conscients. La concentration et l’énergie nécessaires à la progression de la vipassanā se développeront alors graduellement, d’elles-mêmes. Quoi imaginer de plus simple ?

Un son ? Nous nous contentons de connaître ce son (c’est-à-dire, de l’observer seulement, comme il est perçu par la conscience auditive). Un chien qui aboie ? Ce n’est pas un chien, c’est juste un son, nous nous contentons de connaître ce son. L’image d’un chien persiste à apparaître pendant ces aboiements ? Nous nous contentons de connaître cette vision du mental le bref temps où elle apparaît, en prenant toutefois soin de ne pas s’investir dans une pensée. Une douleur dans une jambe ? Nous nous contentons de connaître cette douleur. Elle devient vive ? Nous nous contentons de connaître cette douleur vive, telle qu’elle est. Elle dure longtemps, ça nous agace ? Nous nous contentons de connaître cet agacement, cette irritation. Ainsi, chaque objet doit être observé, tout comme chaque objet causé par un autre objet. Une odeur âcre ? Nous nous contentons de connaître cette odeur. Un goût causé par une goutte salée de transpiration qui roule et se glisse dans le coin de la bouche ? Nous nous contentons de connaître ce goût. Un feu d’artifice de pensées ? Nous nous contentons de connaître cette agitation mentale, aussitôt que nous en prenons conscience. Nous sommes accablés de fatigue ? Nous nous contentons de connaître cette sensation de fatigue. vipassanā, ce n’est pas être bien, léger ou sentir son esprit clair, mais c’est seulement « connaître ».

Nous nous sentons mal à l’aise ? Nous avons des fourmis ? Des insectes nous harcèlent ? Un enfant hurle ? Nous avons très mal au dos ? Nous nous sentons lourds ? Nous nous sentons nerveux ? Nous sommes découragés ? Nous en avons marre de rester assis sur ce coussin, les yeux fermés, le dos droit, s’interdisant de donner libre cours à nos pensées ? Nous mourrons d’envie d’aller rejoindre nos amis ou des distractions diverses ? Peu importe ! Si toutes ces choses sont observées, si nous parvenons à en être pleinement conscients au moment où elles se manifestent et à les connaître tel qu’elles sont perçues, en étant suffisamment vigilant pour ne pas nous enliser dans les réflexions, alors vipassanā, la vision directe de la réalité, aura été appliquée avec succès.

Qu’elles soient agréables, désagréables ou neutres, les sensations doivent être observées également. Nous les observons juste comme elles apparaissent, sans les suivre, sans s’y investir. Les fortes sensations de joie ou de légèreté doivent ainsi être considérées pour ce qu’elles sont : un objet comme un autre qui doit seulement être observé avec attention. En revanche, les sensations mineures doivent être laissées de côté, car elles ne sont pas suffisamment distinctes pour permettre d’en développer une connaissance claire : les petits bruits de fond, les légers picotements du corps, etc.

La plupart du temps, il ne se « passe » rien de particulier. Dans ce cas, nous pouvons observer quelque chose de très distinct, qui a l’avantage de toujours être avec soi, comme le mouvement du ventre ou le mouvement des pas. Durant l’assise, nous allons alors observer le mouvement de gonflement et de dégonflement que produit l’abdomen durant la respiration. Nous ne prêtons aucune attention à la respiration, mais seulement au mouvement de l’abdomen. Lorsqu’un autre objet proéminent apparaît, nous l’observons, en laissant de côté le mouvement de l’abdomen. Quand ce nouvel objet cesse ou devient faible, nous appliquons de nouveau notre concentration sur le mouvement de l’abdomen. Durant la marche, nous pourrons observer le mouvement de chacun de nos pas. Lorsqu’un objet très distinct apparaît, comme un bruit brusque, nous nous immobilisons pour porter toute notre attention dessus.

Toutes les recommandations écrites sur cette page en matière d’observation sont en accord avec le mahāsatipaṭṭhāna sutta, dans lequel Bouddha dit, à propos de celui qui s’entraîne au développement de vipassanā :

Quand il y a un son, il ne connaît que « l’entendre » (la conscience auditive)

Quand il y a un objet tactile, il ne connaît que « le toucher » (la conscience tactile)

Quand il y a une odeur, il ne connaît que « le sentir » (la conscience olfactive)

Quand il y a un goût, il ne connaît que « le goûter » (la conscience gustative)

Quand il y a une vision, il ne connaît que « le voir » (la conscience visuelle)

Quand il y a une pensée, il ne connaît que « le penser » (la conscience mentale).

Pour observer tous les phénomènes dans les meilleures conditions, notre meilleure arme sera la patience…

P

Patience

La patience. Voilà probablement l’élément principal de toute la démarche qui nous conduit jusqu’à nibbāna. Un proverbe birman dit : « La patience mène à nibbāna ». La patience est la première vertu que nous devons développer si nous souhaitons acquérir la sagesse. Sans elle, aucun progrès n’est envisageable.

La patience, c’est savoir attendre en toute tranquillité, mais c’est aussi être capable de supporter tous les désagréments avec constance et résignation (ou tout au moins s’y entraîner). C’est aussi la tolérance.

La patience est donc primordiale, quelle que soit la durée de la retraite…

Q

Quantité
et Qualité

Quelle est la durée d’une retraite vipassanā ? Les facteurs qui définissent la progression d’un yogī sur la voie de vipassanā sont si nombreux et si variables d’un individu à l’autre qu’il n’est pas possible d’établir une durée fixe. L’idéal est de partir sans fixer de date de fin, et d’être ainsi libre de rester le temps nécessaire. De plus, le fait de fixer une fin ou d’avoir des projets précis pour l’après retraite constitue un obstacle non négligeable. En tout cas, une période de quatre à huit mois paraît être un minimum raisonnable.

Naturellement, la qualité d’une retraite vipassanā est infiniment plus importante que la quantité de jours. La qualité d’une retraite se définit non seulement par le bon équilibre effort / concentration et la fréquence d’observation des phénomènes physiques et mentaux, mais aussi par la continuité de l’entraînement, qui risque de comporter plus ou moins de coupures, selon la qualité des conditions (environnement, climat…) Toutefois, la qualité ne suffit pas.

Pour donner un ordre d’idées, il est nettement plus bénéfique d’effectuer une retraite de vipassanā d’une semaine ininterrompue dans de bonnes conditions, que de s’adonner à vipassanā une heure par jour pendant une année entière.

La question de quantité et de qualité se pose également pour la nourriture…

R

Repas

Afin de remplir pleinement les conditions nécessaires à une bonne retraite vipassanā, notre alimentation doit, elle aussi, être bien équilibrée. Elle ne doit pas être en trop faible quantité, car si notre santé en souffre et que nous manquons d’énergie, nous ne pourrons plus progresser dans notre entraînement. Elle ne doit pas non plus être en trop grande quantité, car la digestion et les effets sur tout l’organisme seront désastreux ; les conséquences sur notre entraînement n’en seront alors pas meilleures que celles d’une sous-alimentation.

L’idéal est de se limiter à un repas par jour ; cela est largement suffisant pour la santé (tant que les activités physiques sont mineures) et pour chaque repas supprimé, les occasions d’endommager notre concentration le sont aussi (en raison des gestes et actions variées, comme la prise du repas elle-même, la vaisselle, le brossage des dents, etc.). Si nous ne parvenons pas à nous contenter d’un seul repas quotidien, nous pouvons prendre un repas matinal supplémentaire en guise de casse-faim, mais interdisons-nous tout de même de consommer de la nourriture après midi (et avant l’aube).

De la même manière, nous éviterons de manger trop mauvais ou trop raffiné. Si nous mangions de la mauvaise nourriture, notre organisme souffrira de carences alimentaires et pour la même raison que cité précédemment, notre entraînement avorterait. Si nous mangions de la nourriture très raffinée, nous risquerions facilement de développer des attachements, voire de l’avidité. Nous ne pourrions plus observer simplement les objets physiques et mentaux durant le repas, et notre mental serait peut-être même amené à être entaché de nombreuses pensées (à propos de cette nourriture) en dehors des repas.

Pendant ou en dehors des repas, la seule chose qui compte est de développer les sept facteurs d’éveil…

S

sambojjhaṅgā

Les sept sambojjhaṅgā, qui sont les « bons facteurs de la connaissance », doivent tous être remplis. Dès l’instant où cela est le cas, nous expérimentons la cessation des phénomènes physiques et mentaux, qui seule, a la vertu d’éradiquer définitivement des kilesā.

Voici les sept sambojjhaṅgā :

  1. sati (l’attention)
  2. dhamma vicaya (l’investigation dans la réalité)
  3. vīriya (l’effort)
  4. pīti (la joie, l’enthousiasme)
  5. passaddhi (le calme)
  6. samādhi (la concentration)
  7. upekkhā (l’équanimité)

Pendant notre entraînement, nous ne réfléchissons surtout pas à cela, car ces réflexions – quelles qu’elles soient – ne sont que des concepts. Nous ne devons pas nous préoccuper de ces choses, ni des dix vipassanā ñāṇa (les dix étapes de la progression jusqu’à nibbāna), ni des huit maggaṅga, ni des quatorze kāyanupassanā, ni des nombreuses autres listes de ce genre.

Pendant notre entraînement, notre seul souci est d’observer attentivement les objets physiques et mentaux avec vigilance. En ne nous préoccupant de rien d’autre, toutes ces choses peuvent se produire, et le plus souvent à notre insu !

Ainsi, pour développer les sept facteurs d’éveil, il faut commencer par les oublier et focaliser ses efforts, son attention, sa concentration, son énergie et sa confiance sur l’observation des phénomènes physiques et mentaux et rien d’autre.

Aussitôt que nous développerons les sept sambojjhaṅgā, plus rien ne nous troublera…

T

Troubles

Selon les pāramī dont nous disposons, nous rencontrons plus ou moins de troubles durant notre retraite. Un mental qui vit plongé dans une société folle, où la vie est perpétuellement effervescente, amasse inévitablement des craintes, des doutes et des confusions en tous genres. Aussi longtemps que notre mental errera dans le saṃsarā, il connaîtra des troubles. Si nous voulons nous échapper de ce cycle infernal et sans fin, nous n’attendrons pas d’avoir le mental clair pour entamer une retraite vipassanā, car c’est justement une telle retraite qui constitue le meilleur moyen pour réduire nos troubles et le seul pour les éradiquer définitivement.

Nous commencerons donc notre retraite sans trop d’interrogations, n’attachant d’importance qu’à obtenir les meilleures conditions pour un tel entraînement. Dans ce cas seulement, peu à peu, les doutes, les craintes, et tous les autres types de troubles se dissiperont.

La seule chose qui rend difficile cet entraînement de la connaissance de la réalité, c’est notre mental qui ne peut s’empêcher de tout conceptualiser, de se poser d’innombrables questions, de commenter tout ce qu’il perçoit et d’élaborer un nombre effrayant de pensées qui n’ont aucun autre résultat que de noyer la vision directe de la réalité.

Nous ne nous découragerons pas, même s’il nous semble que notre entraînement stagne. Tant que nous essayons, nous avançons, même si nous progressons peu, nous nous rapprochons tout de même de la délivrance des kilesā tant espérée, car à chaque jour nouveau ou à chaque nouvelle retraite, les erreurs diminuent et les choses se clarifient. Ce n’est qu’une question de temps. Tous les yogī qui progressent sur la voie de vipassanā avec la plus grande aisance et la plus grande rapidité sont des êtres qui, comme les autres, sont obligatoirement passés par le même point. C’est-à-dire qu’ils se sont entraînés à développer leurs pāramī durant de nombreuses existences pendant lesquelles ils ont fait de nombreuses retraites.

Dans tous les cas, nous ne découragerons pas, car nous ne perdons jamais notre temps dans une retraite vipassanā (à moins de bavarder, lire, ou courir après des distractions ou des futilités diverses). Bien que les progrès nous paraissent faibles, voire inexistants, nous développons beaucoup de pāramī , et nous pouvons même ressentir le bénéfice de notre entraînement par la suite, au sein de la vie en société, par exemple.

Tant que nous entraînons notre mental à la vigilance, à l’attention, à la concentration et au calme, même si nous ne parvenons pas la connaissance de la réalité, le mental apprend à se purifier des vagabondages de l’esprit, à développer la tranquillité. Nous aurons une vigilance, une attention, une concentration et un calme accrus. Tout cela constitue des bases précieuses qui ne rendront que plus facile la prochaine retraite.

Quand nous parviendrons à l’équanimité, nous ne connaîtrons plus de troubles…

U

upekkhā

Si nous bénéficions des bonnes conditions et que nous savons nous efforcer convenablement à l’entraînement au développement de la vipassanā, nous parvenons facilement et en peu de temps à l’équanimité des formations mentales. De là, l’observation des objets physiques et mentaux devient automatique, et l’effort ne semble plus nécessaire, tant les phénomènes sont perçus dès leur apparition et connus tels qu’ils sont ; l’observation est devenue un réflexe naturel. C’est comme si nous faisions du vélo. Pour prendre de la vitesse, nous devons pédaler durement. Quand le vélo file à vive allure, seul un petit coup de pédale de temps à autre suffit pour conserver la vitesse.

La concentration et l’énergie sont si bien développées que nous demeurons neutres, totalement dans l’équanimité, aussi bien face aux sensations désagréables que face aux sensations agréables.

L’équanimité présente l’avantage de nous procurer beaucoup d’enthousiasme et de motivation, mais paradoxalement, nous risquons facilement de nous attacher aux sensations de satisfaction et de puissante lucidité qu’elle nous octroie également. Si tel est le cas, nous ne progressons plus d’un pouce, jusqu’à ce que nous voulions bien considérer ces sensations et ses impressions pour ce qu’elles sont réellement ; c’est-à-dire seulement des phénomènes mentaux. Comprenant cela, nous nous efforçons de les observer, en nous déterminant à ne plus relâcher notre entraînement, jusqu’à nibbāna, l’unique issue de toutes les souffrances.

Nous ne nous accaparons rien, nous ne rejetons rien. Nous demeurons comme une feuille au vent : elle ne force rien, elle n’espère rien, elle n’est jamais déçue de l’endroit où elle tombe.

Pour ne pas tomber dans ce piège vicieux de l’attachement aux expériences, seule la vigilance pourra nous en empêcher…

V

Vigilance
et Vagabondages

Observer correctement les objets physiques et mentaux que nous percevons, avec une attention profonde, tout en ayant un bon équilibre entre l’énergie et la concentration, c’est une chose. Si la vigilance n’est pas de mise, l’instant suivant, nous sombrons dans les vagabondages, et nous pouvons nous y perdre pendant de longues durées.

Aussi longtemps que nous appliquons la vigilance, notre mental ne peut se noyer dans le monde sans fin des pensées. Elle est comme un directeur qui oblige ses employés fainéants à travailler. Quand il n’est pas là, plus personne ne travaille. De la même manière, la vigilance pousse au travail tous les éléments nécessaires à notre progression sur la voie : l’attention, la concentration, l’effort, la patience, l’équanimité, etc.

Nous ne devons jamais sous-estimer l’importance de la vigilance. Il suffit d’être vigilant pour ne pas nous perdre dans les vagabondages, qui constituent l’un des principaux obstacles à cet entraînement, car elle permet à l’attention de se fixer sur l’objet d’observation. Tant que cela est le cas, la conscience n’a pas la place de recevoir des vagabondages.

Le pire ennemi de la vigilance est les intoxicants…

W

Whisky

Il n’est pas recommandé de boire du whisky, surtout si nous souhaitons progresser sur la voie de la connaissance de la réalité.

L’alcool n’incite qu’à des actes nuisibles, ou tout du moins inutiles…

X

Xylophone

Il n’est pas recommandé de jouer du xylophone lorsque nous souhaitons progresser sur la voie de la connaissance de la réalité.

La distraction auditive endommage tout autant la concentration que la distraction visuelle…

Y

Yeux

La principale source de distraction est causée par la vue. Les sensations visuelles sont tellement subtiles que nous ne pouvons pas les observer pour ce qu’elles sont, sans développer de concepts, de jugements et de commentaires. C’est pour cette raison que nous gardons bien les yeux fermés pendant l’assise. Durant la marche et les activités, nous les gardons ouverts, car nous sommes obligés de voir où nous marchons ou ce que nous faisons. Toutefois, pendant ces moments, nous gardons bien nos yeux constamment dirigés vers le bas (la tête reste cependant droite).

Si nous souhaitons nous offrir les meilleures conditions pour progresser sur la voie de vipassanā, nous devons nous déterminer à adopter cette règle d’or pour toute la durée de la retraite : avoir le regard toujours planté sur le sol (à environ deux mètres de soi lorsque nous sommes debout) ; ne jamais lever les yeux pour regarder autour de soi (hormis pour éviter un danger, comme pendant la traversée d’une route).

Nombreux sont les yogī qui lèvent les yeux chaque fois que quelqu’un ou qu’un véhicule approche, qu’il y a un bruit, que des gens discutent ou qu’il y a un mouvement quelconque dans un coin de leur champ de vision. Tous ceux-là ne font aucun effort pour développer la concentration et l’attention ; ils ne progresseront jamais, tant qu’ils feront ainsi.

Bien que ce ne soit pas si facile, le fait de garder constamment les yeux vers le bas peut paraître comme un petit détail ; c’est néanmoins un point primordial. Regarder autour de soi est probablement plus destructeur pour notre concentration que le bavardage. Si nous parvenons à nous interdire de lever le regard sur tout ce qui se passe, nous nous assurons l’essentiel de notre attention. En revanche, si nous levons les yeux sur tout ce qui se passe, des facteurs essentiels à la progression – comme la vigilance, l’attention, la concentration ou l’équanimité – sont désintégrés comme des bulles de savon qui éclatent.

Imaginons qu’un bruit éclate brusquement à côté de nous. Si nous gardons les yeux vers le bas, la vigilance est automatiquement de mise. Tout aussi naturellement, l’attention se fixera sur ce son. Ainsi, le mental connaîtra cette conscience auditive pour ce qu’elle est, comme elle est, au moment où elle apparaît, sans s’être préoccupé de savoir ce qui a provoqué ce son. À l’inverse, si nous nous retournons et regardons aussitôt dans la direction d’où provient le bruit, nous regardons le spectacle de ce qui se passe. Pendant ces moments, qui peuvent être longs et qui sont généralement fréquents, vipassanā s’est complètement évaporée, nous sommes totalement déconnectés de l’effort, de l’attention, de la concentration et de l’équanimité.

Voilà pourquoi il est primordial, si nous voulons vraiment progresser sur la voie qui conduit à nibbāna, de se déterminer à garder toujours les yeux vers le bas, quand nous sommes obligés des les laisser ouverts.

Pour nous tenir à une telle détermination, nous devons immanquablement faire preuve de zèle…

Z

Zèle

La volonté ne suffit pas pour franchir toutes les étapes de la vipassanā, jusqu’au précieux nibbāna. De nombreux yogī sont remplis de bonne volonté, qui leur permet de s’appliquer pleinement au développement de tous les facteurs nécessaires à la voie de la libération des kilesā. Malheureusement, ils se relâchent quand surgissent des difficultés.

Nous avons besoin de zèle, car seule, l’ardeur à la tâche nous permet de surmonter les nombreux obstacles que nous rencontrons inévitablement sur cette voie. Le zèle est un ami très puissant qui nous débarrasse radicalement de la paresse et du découragement.

Tant que nous le maintenons, le zèle nous aidera efficacement à franchir toutes les étapes de la connaissance, jusqu’à nibbāna, la fin définitive de tous les attachements, ennuis, tracas et insatisfactions.

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Origine : Texte écrit conjointement pour le site et pour un livret

Auteur : Moine Dhamma Sāmi

Date : Janv. 2004

Mise à jour : 28 juin 2006